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Un Gilet jaune mis en garde par la Sécu
pour avoir géré une page Facebook
pendant un arrêt maladie
RT
Image d'illustration.
© BORIS HORVAT
Source: AFP
Samedi 10 août 2019
Source :
RT Dimitri Alleaume a
reçu un rappel à la réglementation de la
part de la Sécurité sociale, qui lui
reproche d'avoir administré une page
Facebook pendant son arrêt maladie. Une
démarche qui s'apparente selon lui à une
«tentative d'intimidation».
La Sécurité sociale
garde un œil attentif sur le mouvement
des Gilets jaunes et sur les
bénéficiaires de l'assurance maladie qui
y prennent part. Une précaution à n'en
pas douter légitime pour prévenir
d'éventuels abus, mais qui ne manque pas
d'interpeller dans certains cas. Ainsi,
Dimitri Alleaume, un Gilet jaune de
l'Eure, a eu la mauvaise surprise de
recevoir un courrier du service de lutte
contre les fraudes de l'organisme, qui
lui adressait un rappel à la
réglementation.
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Sa faute ? Avoir
administré un compte Facebook de Gilets
jaunes alors qu'il était en arrêt de
travail. L'organisme, qui lui rappelle
que selon l'article
L323-6 du code de la Sécurité
sociale, il est dans l'obligation de
«s'abstenir de toute activité non
autorisée» pendant son arrêt de travail,
estime en effet qu'il a exercé «des
activités incompatibles avec ces
obligations en tant qu'administrateur du
groupe Facebook "Blocage en marche 27"».
«Vous avez géré ce compte, participé à
des manifestations, et donné diverses
interview dans différents médias»,
précise en outre la Sécurité sociale
dans ce courrier daté du 25 juillet,
auquel RT France a eu accès.
«Oui j'ai géré ce
compte, j'ai participé à des
manifestations et donné des interview
dans différents médias. Mais j'ai
respecté mes heures de sortie légales,
donc je ne comprends pas le but de ce
courrier», explique Dimitri Alleaume à
RT France. En arrêt du 15 au 24 novembre
2018 pour dépression, puis 30 novembre
au 5 janvier après s'être coincé le dos
dans le cadre de son travail, il affirme
avoir respecté les recommandations de
son médecin, qui non seulement n'avait
émis aucune restriction à la sortie de
son domicile, mais l'avait également
encouragé à ne pas rester enfermé, afin
de rencontrer du monde.
Je pense que c'est
un moyen de pression
Surtout, Dimitri
Alleaume ne comprend pas en quoi
l'administration de sa page Facebook
pose problème : «C'est aberrant. On peut
gérer une page Facebook de chez soi. Il
ne faut pas de grandes capacités
physiques pour cela.» Selon lui, le fait
que l'Assurance maladie ait mis ce point
en avant n'est pas dénué
d'arrière-pensées politiques. «Je pense
que c'est un moyen de pression. C'est
une intimidation. C'est pour faire
comprendre que vous pouvez avoir des
convictions, des choix politiques
quelconques, mais qu'à partir du moment
où vous commencez à déranger, on vous
dit "restez à votre place, parce qu'on a
des moyens de pression"», estime-t-il.
«J'ai l'impression qu'on mène une cabale
contre les Gilets jaunes, alors qu'on
est un mouvement pacifiste, on est
arrivés dans la rue parce que tout
augmentait et on en avait marre»,
soutient-il encore.
La démarche
interpelle d'autant plus que Dimitri
Alleaume n'administrait pas cette page
sous sa propre identité, mais en
utilisant un pseudonyme, ce qui
interroge sur la façon dont l'organisme
est parvenu à remonter jusqu'à lui : «Je
m'aperçois qu'on est observés,
surveillés sur nos activités, dès qu'on
commence à avoir trop de poids dans ce
conflit social. Depuis le début du
mouvement, on a l'impression qu'on est
fichés, catalogués comme des gens qui
provoquent des troubles ou je ne sais
quoi. C'est hallucinant d'en être arrivé
là aujourd'hui.»
Dans quelle mesure
un malade peut encore avoir une vie
sociale ?
D'un point de vue
légal, Maître Villatte de Peufeilhoux,
avocat au barreau de Marseille, se
demande en quoi administrer un compte
Facebook serait incompatible avec le
fait d'être en arrêt de travail et donc
susceptible de remettre en cause le
versement des indemnités journalières.
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«Dans ces
conditions-là, ça voudrait dire que
n'importe qui, qui se retrouverait en
arrêt de travail, n'aurait finalement
plus le droit à aucune activité. Et là
se poserait la question de savoir dans
quelle mesure un malade pourrait encore
avoir une vie sociale», explique-t-il à
RT France.
Des considérations
qui n'entament en rien la détermination
de Dimitri Alleaume à poursuivre un
combat qu'il estime légitime. «Avoir
tous ces bâtons dans les roues renforce
encore plus nos convictions et notre
envie d'aller jusqu'au bout»,
clame-t-il, avant de conclure : «Le
combat va être dur, mais c'est pas pour
autant que je m'arrêterai.»
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