Patriarcat latin
de Jérusalem
Père Mario : « les Chrétiens de Gaza
ne devraient pas avoir besoin de permis
pour aller fêter Noël à Bethléem ! »
Mardi 18 décembre 2018
GAZA – Chaque année pendant la
période de Noël, Bethléem devient la
destination suprême du pèlerinage pour
les chrétiens du monde entier qui
célèbrent la nativité du Sauveur. Pour
la communauté chrétienne de Gaza,
célébrer Noël et visiter sa famille dans
la ville ou la région où est né Jésus
est un privilège que la moitié d’entre
eux ne peut avoir.
Le 27 novembre
dernier, à l’occasion des fêtes de Noël,
les autorités militaires israéliennes
ont approuvé cinq cents permis
permettant aux chrétiens palestiniens de
Gaza d’avoir accès à Jérusalem-Est et à
la Cisjordanie.
« L’année dernière,
trois cents permis ont été accordés aux
chrétiens de Gaza pour fêter Noël à
Bethléem, mais uniquement pour les
personnes de plus de 55 ans », a rappelé
le père Mario da Silva, curé de la
paroisse à Gaza. « Cette année, ce sont
cinq cents permis qui ont été approuvés
par Israël. Mais jusqu’à présent, nous
n’avons reçu qu’environ deux cent
cinquante d’entre eux pour les personnes
de plus de 55 ans et de 16 à 35 ans.
Toutefois, les enfants de moins de 16
ans n’étaient pas inclus. »
« Israël applique
une politique de séparation des parents
et des enfants, explique le père Mario,
un permis est donné au père mais pas à
la mère et aux enfants. Alors la famille
renonce à y aller et reste à Gaza. ».
Pour les chrétiens
palestiniens de Gaza, obtenir un permis
pour célébrer Noël à Bethléem et Pâques
à Jérusalem donne l’opportunité de fuir
leur terrible réalité. C’est ce que
craint Israël et pour l’éviter impose
davantage de restrictions aux
déplacements des habitants.
Un privilège ou un
droit naturel ?
Selon le ministère
israélien du Tourisme, 3,8 millions
entrées touristiques ont été
enregistrées en Israël de janvier à
novembre 2018. En novembre 2018, il y
avait eu environ 389 000 entrées
touristiques, soit une augmentation de
35% par rapport à novembre 2016. Les
entrées pour l’année 2018 devraient
atteindre 4 millions d’ici la fin de
l’année.
Alors que ces
touristes, principalement des chrétiens,
aiment et font des pèlerinages dans les
sanctuaires religieux de Terre Sainte en
tant que droit humain intégral à la
liberté de religion, les Palestiniens
locaux se voient encore infliger de
sévères restrictions et ne peuvent
recevoir que des permis militaires pour
effectuer la même démarche.
« Les chrétiens de
Gaza ne devraient pas avoir besoin
d’autorisation pour célébrer Noël à
Bethléem », s’indigne le père Mario.
« Ils ont le droit de voyager et de
prier sans restrictions ! »
1 100 chrétiens
palestiniens vivent dans la bande de
Gaza au cœur d’une population d’environ
deux millions de personnes. Leurs
mouvements vers et depuis Israël, la
Cisjordanie ou l’étranger sont régis par
un
régime de permis militaire fondé par
Israël en 1991 pour « contrôler les
affaires civiles des Palestiniens, y
compris les possibilités de déplacement,
de travail et de démarches de santé ».
La construction du mur de séparation et
la mise en place de points de contrôle
militaires n’ont pas simplifié la
situation.
Saher Kawas
Photo de couverture
: Saynète sur la Nativité à la Paroisse
de la Sainte Famille de Gaza. ©Andres
Bergamini/ LPJ Archives
Les dernières mises à jour
|