PCN-SPO - Revue de presse
Le Temps : « Damas
gagne du terrain
sur tous les fronts » !
PCN-SPO
Vendredi 7 juin
2013 PCN-SPO / revue
de presse
Avec Le Temps – SPO-Focus / 2013 06 06 /
https://www.facebook.com/PCN.NCP.press.office
Le quotidien suisse – radicalement anti
Assad et associé éditorialement au Monde
– interviewe Fabrice Balanche de 6 juin,
spécialiste de la Syrie (*).
Extraits :
« L’armée de Bachar el-Assad regagne du
terrain et s’empare de la ville
stratégique de Qousseir, proche du
Liban. Le front diplomatique mollit
devant Damas (…) Damas gagne du terrain
sur tous les fronts. Après des semaines
d’offensives appuyées par les forces du
Hezbollah chiite, l’armée de Bachar el-Assad
s’est emparée mercredi de la ville de
Qousseir, point stratégique entre Damas
et Tartous, sur la Méditerranée, dont
les rebelles s’étaient emparés dix-huit
mois plus tôt. Côté diplomatie, il n’est
plus question du départ du dictateur »
(sic)
(…) les puissances occidentales
privilégient la realpolitik, réduisant à
néant les aspirations de l’opposition »,
estime Fabrice Balanche.
Le Temps s’interroge sur « la prise de
Qousseir », « tournant dans la guerre ».
Fabrice Balanche explique ce qui a
changé dans la nature des combats en
Syrie : « La prise de cette ville fait
partie d’une stratégie contre-insurectionnelle
menée par Damas depuis l’été 2012, pour
sécuriser la «Syrie utile», à l’ouest du
pays, quitte à laisser des zones moins
utiles aux mains de l’opposition. Outre
l’argent et les armes russes, l’armée
syrienne a reçu l’enseignement
d’instructeurs iraniens. Suivant leurs
conseils, elle a adopté une tactique qui
consiste à se retirer complètement des
zones hostiles pour mieux les
reconquérir. Au lieu de s’éparpiller
dans des combats localisés, le pouvoir
recentre ses forces dans les centres
urbains, où il peut développer son
assise populaire et logistique. Ce
faisant, les rebelles sont poussés à se
regrouper dans les zones laissées
libres, et deviennent une cible plus
facile. » A la
question du Temps « Bachar el-Assad
est-il en train de gagner la guerre? »,
Fabrice Balanche répond que « Des signes
montrent qu’il reprend la main. Son
armée est loyale et unie depuis le
début. Les défections étaient avant tout
le fait de conscrits qui ne voulaient
pas se battre. Une cinquantaine de
généraux l’ont lâché, mais 1200 sont
restés à ses côtés. De plus, la guerre a
renforcé son clan en faisant fuir les
parasites qui profitaient du pouvoir, ne
laissant plus que les éléments les plus
loyaux ». Vieux principe déjà souligné
par Staline en son temps, « le parti se
renforce en s’épurant » …
Balanche ajoute que « l’idéologie tient
une place centrale dans sa stratégie. Le
régime a réussi à convaincre ses troupes
qu’elles se battent pour défendre la
Syrie contre le terrorisme islamiste. La
multiplication des exactions attribuées
aux forces rebelles et des images
montrant les combattants portant le
drapeau noir d’Al-Qaida alimentent sa
rhétorique. Pendant ce temps, Bachar el-Assad
donne des interviews dans lesquelles il
apparaît plus ferme que jamais, et
évoque même sa participation à une
présidentielle en 2014 (…) tout en
sécurisant les zones qu’il contrôle,
avec l’appui de milices populaires ».
Il évoque là les « Comités populaires ».
Qui sont, expliquait Luc MICHEL dans un
récent FOCUS pour PCN-SPO, « les
nouvelles milices de quartier, milices
populaires créées par Damas sur le
modèle des « comités de défense de la
Révolution », les CDR cubains. Leur
création a changé le visage de la guerre
civile et permis le nettoyage des
villes. Selon une enquête récente de la
chaine russe RT, « 75% des syriens
soutiennent le gouvernement Assad ».
Beaucoup le font désormais les armes à
la main contre la violence, le
sectarisme et les exactions des gangs
djihadistes ». Assad
est en train de réussir la conquête des
âmes et des cœurs, dans laquelle les
théoriciens français de la
« Contre-insurrection » (lors des
guerres de décolonisation) voyaient la
clé des combats. Ce que confirme
Balanche : « une partie de la population
fuit les territoires occupés par les
rebelles pour rejoindre ceux tenus par
le régime, car elle s’y sent plus en
sécurité ». Le
Temps, amer, finit par constater « Sur
le plan diplomatique, il n’est même plus
question du départ de Bachar el-Assad
alors que se prépare la conférence de
Genève 2 ».
« Le pouvoir de nuisance de Bachar el-Assad
pousse les Occidentaux au pragmatisme,
par crainte de voir les métastases du
conflit s’étendre dans la région et le
pays devenir un paradis pour les
djihadistes. La realpolitik menée par la
Russie et les Etats-Unis est en passe de
l’emporter sur une posture plus
interventionniste défendue par le Qatar
et la France. La conférence de Genève 2
s’annonce plutôt favorable aux Russes et
à Damas. La présence même de Bachar el-Assad,
si elle se confirme, consacrerait le
retour du dictateur dans le concert des
nations », conclut Fabrice Balanche.
PCN-SPO
(*) Fabrice
Balanche est maître de conférences à
l’Université Lyon 2 et directeur du
GEMMO / Groupe de Recherches et d’Etudes
sur la Méditerranée et le Moyen-Orient
à la Maison de l’Orient.
Agrégé et docteur en Géographie, il fait
un premier séjour au Moyen-Orient en
1990. Depuis il a vécu une dizaine
d’années entre la Syrie et le Liban,
terrains privilégiés de ses recherches
en géographie politique. Il a publié en
2006 un ouvrage sur la Syrie
contemporaine : La région alaouite et le
pouvoir syrien dans lequel il analyse le
clientélisme politique qui structure le
régime baathiste. Son dernier ouvrage :
Atlas du Proche-Orient arabe
présente les traits communs et la
diversité du Proche-Orient arabe (Syrie,
Liban, Jordanie et Palestine)
contemporain.
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