Actualité
L’élue démocrate Rashida Tlaib refuse
« d’être traitée comme une criminelle »
par Israël
Al-Jazeera
Rashida Tlaib, élue démocrate au Congrès
américain pour le Michigan
Photo :
Medias sociaux
Dimanche 18 août 2019 Al-Jazeera
– L’élue au
Congrès américain Rashida Tlaib, déclare
qu’elle ne sera pas réduite au silence
et traitée « comme un criminel » après
avoir reçu une permission d’Israël
d’entrer en Palestine.
La membre du
Congrès américain Rashida Tlaib a
déclaré qu’elle ne se rendrait plus en
Cisjordanie occupée dans les
« conditions d’oppression » imposées par
le gouvernement israélien, qui avait
déclaré, il y a quelques heures,
autoriser son entrée pour des raisons
« humanitaires ».
Rashida Tlaib,
d’origine palestinienne, a
tweeté sa décision vendredi, un jour
après que le gouvernement israélien l’a
interdite d’entrée, ainsi que sa
collègue du Congrès,
Ilhan Omar, sous le prétexte
qu’elles apportent leur soutien à un
mouvement de
Boycott, Désinvestissement et Sanctions
[BDS] cherchant à faire pression sur
Israël pour qu’il mette fin à ses
violations des droits des Palestiniens.
En vertu d’une
loi israélienne largement condamnée,
les partisans du mouvement BDS peuvent
se voir refuser l’entrée en Israël.
Le ministre
israélien de l’Intérieur, Aryeh Deri, a
annoncé qu’il avait
décidé d’autoriser Tlaib à effectuer
une « visite humanitaire à sa
grand-mère » en Cisjordanie, mais
seulement après lui avoir envoyé un
engagement à signer de « respecter les
conditions imposées par Israël ».
Tlaib avait
« promis de ne pas promouvoir la cause
du boycott d’Israël pendant son
séjour », a prétendu le ministre, dans
une lettre qu’il aurait reçu dans la
nuit.
Mais dans un
tweet ce vendredi, Tlaib a déclaré
que sa grand-mère ne voudrait pas
qu’elle se rende [en Palestine] dans ces
conditions.
« Me faire taire et
me traiter comme une criminelle n’est
pas ce qu’elle attend de moi. Cela
tuerait une part de moi-même. J’ai
décidé que rendre visite à ma grand-mère
dans ces conditions oppressives allait à
l’encontre de tout ce en quoi je crois –
la lutte contre le racisme, l’oppression
et l’injustice, » dit-elle.
« Quand j’ai gagné
[les élections], cela a donné au peuple
palestinien l’espoir que quelqu’un
finira par dire la vérité sur ces
conditions inhumaines. Je ne peux pas
permettre à l’État d’Israël d’éteindre
cette lueur en m’humiliant et en
utilisant mon amour pour ma grand-mère
pour que je me plie à leurs politiques
oppressives et racistes », a-t-elle
également tweeté.
Tlaib, âgée de 43
ans et née aux États-Unis, est
originaire du village palestinien de
Beit Ur al-Fauqa, en Cisjordanie
occupée. Sa grand-mère et sa famille
éloignée vivent toujours dans ce
village.
Ilhan Omar
publie l’itinéraire initialement prévu
La décision
largement condamnée d’Israël d’interdire
la visite des élues au Congrès est
intervenue après que le président
américain Donald Trump, proche allié du
Premier ministre israélien Benjamin
Netanyahu, a attaqué Tlaib et Omar,
affirmant qu’elles « haïssent Israël et
tout le peuple juif, et que rien de ce
qui peut être dit ou fait ne changera
leur avis ».
« Cela montrerait
une grande faiblesse » de la part
d’Israël de les laisser entrer, a-t-il
éructé sur Twitter.
Tlaib et Omar ont
répété à plusieurs reprises que leurs
critiques du gouvernement israélien
reposaient sur des différents politiques
et ne visaient pas le peuple juif.
Jeudi, après
l’annonce par Israël de l’interdiction
d’entrée, Rashida Tlaib a qualifié cette
initiative de « signe de faiblesse »,
tandis que Ilhan Omar a parlé « d’une
insulte aux valeurs démocratiques »,
mais sans surprise compte tenu de la
politique de Netanyahu à l’encontre des
Palestiniens et de son alignement sur
des « Islamophobes » comme Trump.
Vendredi, Omar a
tweeté ce qui devait être l’itinéraire
du voyage annulé, qui comprenait des
réunions avec des membres de la Knesset
et des responsables de la sécurité
israélienne, des exposés des Nations
Unies sur les conséquences des coupes
budgétaires et sur les communautés
bédouines déracinées au milieu des
constructions par Israël de colonies de
peuplement illégales sur des terres
palestiniennes, ainsi qu’une
vidéoconférence avec des étudiants de la
bande de Gaza
soumise au blocus.
Elle a ajouté que
les États-Unis devraient utiliser comme
moyen de pression les plus de 3
milliards de dollars d’aide militaire
fournie chaque année pour exiger
d’Israël qu’il mette fin aux colonies de
peuplement dans les territoires
palestiniens occupés et garantisse le
plein respect des droits des
Palestiniens.
« Refuser les
visites à des membres du congrès dûment
élus n’est pas compatible avec le fait
d’être un allié ou une démocratie », a
tweeté Omar.
Le
mouvement BDS a également qualifié
l’initiative israélienne de « mccarthyite »,
ainsi que les hommes politiques et les
groupes de pression qui en sont à
l’origine.
« Comme tous les
prolifiques violeurs des droits de
l’homme, Israël veut imposer un
black-out sur la réalité de la Palestine
occupée et empêcher les femmes élues au
Congrès, Tlaib, Omar, d’avoir un contact
direct avec le peuple palestinien qui
est soumis à un régime cruel de
colonisation, d’oppression et
d’accaparement de terres par Israël, » a
déclaré
Miftah, le groupe palestinien co-parrainant
le voyage prévu.
« Cette
interdiction est un cas évident de
discrimination et d’hostilité fondée sur
des opinions politiques et des origines
ethniques, qui mérite l’indignation
morale et une condamnation sans
équivoque en Palestine et aux
États-Unis. »
16 août 2019 –
Al-Jazeera – Traduction :
Chronique de Palestine
Les dernières mises à jour
|