Actualité - Syrie
Après Houla, al-Koubeir
:
massacres et manipulation de concert
Al-Manar
Photo:
al-Manar
Jeudi 7 juin
2012
Nouveau de massacre à
la veille d’une séance du Conseil de
sécurité. Les Syriens devraient s’y
attendre. Tout est permis pour justifier
davantage de pression sur la Syrie et
acculer au mur ses alliés, Moscou et
Pékin.
Comme d’habitude, seul
le lieu du massacre est sur. Le reste
relève des soupçons et de l’aléatoire.
Servant surtout une manipulation qui
fonctionne à plein régime.
Selon des informations
concordantes, le massacre a eu lieu dans
la province de Hama, (Rif Hama) et plus
précisément dans le hameau d’al-Koubeir,
à proximité du village Maarzaf, lequel
se situe à l’ouest de la ville de Hama.
Un site de l’insurrection syrienne (Le
Centre médiatique de soutien aux
révolutionnaires de Homs) écrit que 25
familles vivent dans ce hameau vivent .
Chiffres et détails en vrac
À
l’instar des autres massacres, le bilan
diverge d’une source d’information à
l’autre, lesquelles rivalisent entre
elles , sans aucune concordance, pour
lancer les chiffres les plus élevés.
Quant aux détails du massacre, très peu
d'informations sont délivrées.
Le site en ligne de la
télévision saoudienne Al-Arabiyya,
franchement en campagne contre le régime
syrien et ceux qui le soutiennent, ce
sont 140 personnes qui ont été tuées,
dont 50 femmes et enfants. Quant à la
chaine qatarie, Al-Jazira, également
farouchement hostile à Damas, elle parle
de 78 tués.
Selon Conseil national syrien (coalition
comportant certaines parties de
l’opposition syrienne, dont les Frères
Musulmans, soutenues par les puissances
occidentales et les monarchies arabes et
la Turquie), ce sont 100 tués, dont 20
femmes et enfants. Le chiffre rapporté
par l’AFP a été par la suite revu à la
baisse. Sans le signaler les dépêches
les plus récentes évoquent 80 tués.
Alors que l’Observatoire syrien des
droits de l’homme (OSDH) qui siège à
Londres avançait mercredi le chiffre de
87 tués, prétendant que le bilan n’est
pas final, il s’est finalement résolu à
55 (AFP), dont 18 femmes et enfants.
Version
Damas, moins dramatisante
Quant
à la version officielle syrienne, elle
reconnait qu'un massacre a eu lieu, mais
ses chiffres sont nettement inférieurs à
ceux de l'insurrection: elle évoque une
vingtaine de victimes, dont 9 femmes et
enfants d’une seule famille, tués dans
ce hameau (Sana).
Dans les détails, Sana
assure qu'un groupe terroriste a attaqué
une famille du hameau en question, dont
les habitants ont contacté l’armée et
les forces régulières, demandant au
secours. Alors, les forces de l’ordre
ont intervenu attaquant la cache de
terroristes.
Selon l'agence
officielle SANA, "un accrochage entre
forces de sécurité et terroristes a eu
lieu (dans la localité) et tous les
membres du groupe terroriste ont été
tués". Deux militaires ont également été
tués et deux autres blessés, ajoute
SANA.
Selon le médecin
légiste de la province, le massacre a
été perpétré dans la matinée de
mercredi, à l’heure où les milices armés
se trouvaient dans le hameau.
Décrivant le massacre de « crime haineux
» la télévision officielle syrienne le
soupçonne d’avoir été perpétré pour
"exercer des pressions" sur Damas.
"Un crime haineux a été commis contre
les habitants d'al-Koubeir" avant une
réunion du conseil de sécurité de l'ONU
et "d'autres réunions internationales
pour l'exploiter afin d'exercer des
pressions sur la Syrie", accuse la
télévision.
Version CNS et autres : grands chiffres
, sans détails sur le comment
Quant
au Conseil national syrien (CNS),
qui a dénoncé un "massacre" perpétré par
les forces du régime, il ne donne pas de
détails sur ce qui s’est passé.
"Nous avons une centaine de morts dans
les villages d'al-Koubeir et de Maarzaf,
parmi eux une vingtaine de femmes et une
vingtaine d'enfants", a déclaré à l'AFP
Mohammed Sermini, un porte-parole du
CNS, qui a accusé les forces du régime
et ses milices d'être derrière ce
"massacre". Il a précisé que des
habitants, parmi lesquels des enfants de
moins de deux ans, avaient été tués à
coups de couteaux, et qu'une famille de
24 personnes avait péri. Il a en outre
appelé les observateurs internationaux,
chargés de surveiller le cessez-le-feu,
en vigueur depuis le 12 avril mais violé
quotidiennement, à se rendre
immédiatement sur les lieux du drame.
Selon l’OSDH,
le massacre a eu lieu après des
bombardements sur les deux villages où
des miliciens ont ensuite pénétré et ont
tué par balles et à l'arme blanche les
habitants.
Selon AlArabiyya, l’attaque a été
perpétrée contre toutes les maisons
d’Al-Koubeir, et de gens tués à coups
d’armes blanches.
Alors que le site du Centre médiatique
de soutien aux révolutionnaires de Homs
(CMSRH) il
est question de chabbihas (voyous) du
régime venus d’un village alaouite
avoisinant, pour attaquer les maisons et
ouvrir le feu contre les habitants,
entrainant les hommes à l’extérieur où
ils ont été tués a coup de couteau. Le
site signale que 10 cadavres ont été
calcinés après avoir été liquidés, et de
37 cadavres qui ont été soi-disant
kidnappés.
Les
images sur la toile : des mises en scène
flagrantes
Force
est de constater qu’il y a très peu
d’images sur ce massacre. Contrairement
à celui de Houla au cours duquel 108
syriens ont été tuées. Et puis, une
chose est sure : on ne voit pas le grand
nombre de victimes comme le prétendent
certaines sources et parties hostiles à
Damas.
Une vidéo
sur le web montre les cadavres de 8
personnes : 2 femmes, une vieille femme
et 5 enfants, tous couverts dans des
linceuls. Le commentateur syrien qui
semble faire partie des insurgés nomme
deux autres cadavres qu’on ne voit pas.
En tout cas, il parle de deux femmes
adultes et de cinq enfants.
Parmi les cadavres, se trouve un corps
calciné. (Le commentateur dit que c’est
une femme qui embrasse ses deux enfants,
il le répète plusieurs fois, mais rien
ne le montre). Il n’explique pas
pourquoi il est différent des autres
cadavres qui ne sont pas calcinés.
Dans une
autre vidéo, de la même
scène semble-t-il, prise d’un autre
angle, on voit le cadavre d’un seul
enfant et d’une femme, puis des
couvertures (il est dit qu’il s’agit de
cadavres, mais on ne voit rien) puis on
voit le cadavre de trois jeunes hommes,
tués très vraisemblablement par balles.
A noter que concernant les victimes
femmes et enfants, rien ne montre
comment ils ont été tués. Il semble que
la camera évite de montrer les traces
mortelles. Et on ne voit pas de traces
de leur égorgement à l’arme blanche, du
moins sur leurs visages ou têtes, qui
semblent intacts. L’une des victimes, un
enfant de deux ans peut-être a un
saignement du nez.
Et à
Kfar Zeit
À noter aussi que les
communiqués du CNS ou de l’OSDH adressés
aux agences n’évoquent nullement les
évènements qui ont eu lieu ce mercredi
même dans la localité avoisinante de
Kfar Zeit. Les images vidéos sur You
Tube montrent un petit bâtiment brûlé.
Les causes semblent
être internes et non dues à un pilonnage
externe, car les destructions sont
exclusivement internes. On voit à
l’intérieur deux cadavres calcinés. Un
troisième cadavre se trouvant dans une
camionnette (dont le conducteur était un
insurgé) stationnée à côté du bâtiment a
été emmené ailleurs.
Les
images de Houla pour le « massacre »
d’al-Koubeir
En consultant les
sites ou blogs de l’opposition syrienne
ou arabes, l’on constate qu’ils dans
leur grande partie utilisé les images de
Houla pour illustrer leurs articles sur
al-Koubeir . Certains le mentionnent,
mais de nombreux omettent de le faire.
Comme le site en ligne du journal
saoudien « Ar-Riad » publie la photo des
cadavres inhumés de Houla, les
attribuant à al-koubeir. il en est de
même pour l’agence KNN qui est une
agence d’information kurde.
Certains sites ont
utilisé les images d’enterrement des
victimes de Houla, de plusieurs angles
pour les attribuer à al-Koubeir . Dans
les deux, l'homme au T-shirt orange est
apparent.
Version
Syria Truth
Selon ce site de
l’opposition syrienne (hostile au régime
et à l’insurrection), ce sont des bandes
armées qui ont perpétré le massacre.
Citant une source sur place que le site
a contactée, et originaire de la
localité avoisinante de Morek, les
seules forces présentes sur le terrain
lors du massacre sont les brigades des
Libres de Sham (le front d’an-Nusrat) et
d’Ibn al-Khattab. Le témoin oculaire de
Syria Truth assure que les accrochages
n’étaient aux armes lourdes mais aux
mitrailleuses.
Toujours selon ce site, quelques 2.000
miliciens armés ont attaqué la région
d’al-Hiffa, située dans les montagnes
est de Lattaquié, et ont saccage et
détruit tous les bâtiments publics.
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