Actualité
Syrie : 70% des
aleppins hostiles à l'insurrection
Al-Manar
Jeudi 10 janvier
2013 La majorité écrasante des
Aleppins sont farouchement hostiles à
l’insurrection en Syrie. Le constat
revient à l’agence Reuters, citant le
témoignage d’Abou Ahmad, un chef d’une
milice de 35 éléments, affiliée à la
brigade Tawhid.
« La plupart des Aleppins n’éprouvent
pas d’enthousiasme pour la révolution
syrienne...», a-t-il signalé, estimant
cette majorité à plus de 70% des
habitants de la ville. La raison en est
d'après lui qu’ils n’ont pas « l’esprit
révolutionnaire ». Abou Ahmad l’impute
aussi l'aversion des Aleppins aux
exactions commises par des miliciens,
dont les pillages et autres. Mais il met
surtout en cause l’Armée syrienne libre
(ASL), qui serait d’après lui en perte
de popularité.
En effet, le correspondant de
l’agence raconte avoir rencontré un
couple de syriens dans un marché bondé
de la ville. « Nous vivions en paix et
en sécurité, jusqu’au jour où cette
révolution maudite est arrivée chez
nous... nous prions Dieu pour qu’il
assiste le régime dans sa lutte contre
l’ASL et le terrorisme ... nous
soutenons son excellence le président
Bachar al-Assad jusqu’à l’éternité »,
est-il écrit dans la feuille qu’ils ont
fait glisser dans sa main, dans ce qui
semble être la méthode la plus en vogue
parmi les Syriens pour faire parvenir
leur opinion, sans craindre pour leur
vie.
A noter que plus d’un millier
d’usines et d’ateliers dans cette ville
qui a été la capitale économique du pays
ont été pillés puis détruits, leurs
matériaux et leurs marchandises ayant
été revendus en Turquie. Les miliciens
ont également saccagé les installations
électriques, hydrauliques et tout ce qui
a trait aux services sanitaires de la
ville.
Dans
le reportage de la Reuters, il est
signalé que les plaintes des habitants
fusent des régions contrôlées par les
miliciens, où règne l'insécurité et
certaines milices s'adonnent aux
pillages. Evoquant la formation d'unités
des miliciens de l'opposition chargés de
prendre le relai des forces
gouvernementales, il signale que leur
impact n'est que dérisoire sur les
milices qui s'entretuent.
Dans son entretien, Abou Ahmad semble
s'efforcer de se démarquer de l’ASL,
signalant que son groupuscule tente de
remédier à cette impopularité en
cherchant à offrir des services aux
habitants, comme en restaurant le
courant électrique ou en faisant face à
la pénurie du pain. Des sources
journalistiques syriennes assurent que
des milliers de tonnes et de farine ont
été volés des greniers et revendus en
Turquie aussi.
Pour leur part, les chefs de l’ASL ne
sont pas dans la logique de se
culpabiliser, et essaient au contraire
de se disculper. Selon Abou Marwane, un
capitaine ayant fait défection de
l’armée régulière, et dirigeant un
groupe de l’ASL fort de 500 miliciens,
baptisé « Brigade des aigles d’Alep »,
la responsabilité en incombe aux «
éléments corrompus » qui ne font l’objet
d’aucun contrôle. « Il existe des
brigades qui n’ont autre chose à faire
que de piller les gens, n’importe qui
peut porter des armes et faire ce qu’il
veut », explique-t-il.
Selon
ce journaliste, lequel évite de signaler
que de nombreux aleppins ont été
hostiles à l’insurrection dès ses tout
débuts, et présente leur aversion
actuelle comme étant une réaction aux
exactions des miliciens, "ce genre de
sentiment est loin d’être rare dans
cette ville". Il évite également de
rejoindre les conclusions de nombreux
reportages selon lesquels les miliciens
sévissent à Alep pour se venger de ses
habitants parce que ils ont refusé de
rejoindre l’insurrection et ont organisé
d’énormes manifestations de soutien au
président syrien.
Suivant sa ligne éditoriale, la
Reuters rapporte l’avis d’Abou Majed, un
aleppin de 48 ans qui travaillait dans
une usine de tissus à Alep, et semble
avoir soutenu l’insurrection à ses
débuts : « nous nous en foutons de la
forme du régime. Nous avons besoin de
sécurité », s’offusque-t-il.
Cet aleppin impute aux miliciens la
responsabilité de la situation
lamentable de la ville, qui était l’une
des villes les plus prospères de la
Syrie. « Nous sommes retournés à l’ère
de la pierre, l’ASL aurait dû se doter
d’un commandement organisé. Au début les
gens les ont soutenus. Aujourd’hui, ils
sont mécontents d’eux ».
Cet avis est partagé par le pilote de
l’air Abou Marwane, lequel a regretté
que « l’image de l’ASL se soit beaucoup
terni ».
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