Actualité
Assad propose sa
solution et pose ses conditions
Al Manar
Dimanche 6 janvier
2013 Le président syrien Bachar al-Assad
a proposé l’amorcement d’un dialogue
national regroupant toutes les
catégories du peuple syrien, celles de
l’intérieur et de l’extérieur, pour
mettre fin au conflit qui sévit en Syrie
depuis près de deux années.
Le chef de l’état syrien a tenu ces
propos lors d’un discours prononcé
devant de centaines de Syriens, dans la
salle de la Maison de la culture et des
Arts, où son entrée s’est faite sous les
applaudissements et les slogans « Allah,
la Syrie et toi » ou encore « par nos
âmes et nos vies nous nous sacrifierons
pour toi ».
Dialogue, entente et
constitution, référendums et
gouvernement
Une entente et une constitution
nationales devraient découler de ce
dialogue, selon sa proposition de
solution politique, ainsi que deux
réferendums, au bout desquels un nouveau
gouvernement sera formé pour mettre en
application leurs résultats. Par la
suite une conférence pour la
réconciliation devrait se tenir, en
parallère avec la proclamation d'une
amnesty générale.
Avant l’amorcement du dialogue, le
président syrien a posé comme condition
que les pays concernés par la crise
syrienne stoppe le financement et
l’armement des milices en Syrie, pour
que les réfugiés syriens puissent
retourner chez eux, avant que l’armée ne
cesse de son côté ses opérations
militaires, tout en conservant le droit
de riposte.
Selon lui, la guerre contre le
terrorisme se poursuivra parallèlement
avec le processus politique, « car c’est
en luttant contre le terrorisme que la
solution politique devient plausible ».
Critique de l’initiative de
Genève
Le
numéro un syrien a tenu à signaler que
toute autre initiative politique
suggérée par un quelconque individu ou
Etat devrait prendre en considération
celle qu’il a proposée, et devrait avoir
pour visée de l’aider ou la compléter.
Il a critiqué l’initiative de Genève,
qu’il avait toutefois acceptée,
signalant qu’elle compte une clause
ambigüe, celle notamment de la phase
transitoire : « bien sûr, elle n’est pas
claire. Lorsqu’on parle d’une phase
transitoire, la première chose qui nous
vient à l’esprit est de se demander d’où
vers où transite-t-elle. Serait-ce un
passage de l’Etat d’un pays libre vers
celui d’un pays sous occupation, d’un
pays qui possède un Etat, vers celui qui
n’en aurait pas, de l’Etat de
l’autodétermination à celui où la
décision est entre les mains des
étrangers ? », s'est-il interrogé.
Selon lui, toute initiative ou
changement devrait inéluctablement
passer par les moyens constitutionnels,
c'est à dire les urnes, pour consulter
l’avis du peuple syrien.
Hommage au peuple syrien
A
cet égard, le président syrien a rendu
hommage au peuple syrien qui selon lui a
refusé d’héberger les terroristes : « la
dignité et le nationalisme coulent dans
son sang. De grandes catégories se sont
mobilisées pour faire face au
terrorisme, certains ont donné des
informations importantes aux services de
sécurité, leur permettant de torpiller
des opérations terroristes contre les
citoyens ;.. ; d’autres se sont rebellés
contre les miliciens et ont refusé de
les héberger, soit en défendant leurs
régions, soit en manifestant contre les
criminels, et dont certains sont tombés
en martyre ;.. ; il y a ceux qui ont
rejoint les forces armées dans les
villes, les quartiers ;.. ; mais il y a
un exemple que je voudrais évoquer,
celui dans le gouvernorat de Hassaké,
dans la localité de Ra’as elEïn et dont
les jeunes se sont mobilisés contre
l’attaque menée des régions turques pour
défendre leur village et qui sont
parvenus à repousser les
terroristes,..,et il y a ceux qui ont
pardonné et se sont pardonnés et ont
opté pour le dialogue national ».
Ce n’est pas une révolution
Au début de son allocution plusieurs
fois interrompue par les
applaudissements, Bachar el-Assad a
rejeté l’idée que l’insurrection puisse
être une révolution en disant : « elle
n’a rien à voir avec les révolutions, ni
de près ni de loin. La révolution a
besoin d’intellectuels, cette révolution
est sans intellectuels, la révolution a
besoin d’un commandant, celle-ci n’en a
pas ; la révolution nécessite une
pensée, un projet, celle-ci n’en a pas ;
la révolution aspire à pousser le pays
de l’avant, celle-ci voudrait le ramener
des siècles en arrière ; ..., en général
la révolution est celle du peuple et non
une révolution de gens importés de
l’étranger pour se révolter contre le
peuple, la révolution se devrait être
dans l’intérêt du peuple et non contre
comme l’est celle-ci».
Une guerre entre la patrie et
ses ennemis
Selon lui, la Syrie est en proie à un
conflit entre les criminels et les
assassins d’un côté et le peuple syrien
de l’autre, entre la patrie et ses
ennemis. « Au début, ils ont annoncé
leur prétendue révolution, mais lorsque
le peuple a refusé de les couvrir, ils
ont voulu l’imposer par l’argent, les
médias et les armes, ..., et comme le
peuple a refusé de les suivre, ils ont
décidé de se venger de lui, ils ont
laissé tomber les masques de leur
prétendue révolution et ont brandi leurs
armes,.., ils ont voulu se venger du
peuple en semant la terreur là où ils se
trouvent», a-t-il expliqué.
Les takfiris importés
Le
président syrien s’est attardé sur la
présence des groupes takfiris parmi les
insurgés qui comptent dans leurs rangs
d’innombrables étrangers, et qui mènent
de plus en plus l’insurrection syrienne.
Au début de l’insurrection,
indique-t-il, « ils étaient restés dans
l’arrière-plan de l’insurrection et se
sont lancés dans les attentats, les
massacres, le banditisme et les
pillages...Mais ils ont pris les devants
de l’insurrection armée, lorsque les
autres miliciens ont essuyé un échec ».
Estimant que « la pensée takfirie est
importée de l’étranger », il en conclut
que la Syrie fait l’objet d’une guerre
au sens vrai du terme, « une guerre de
la part de ceux qui veulent la diviser,
qui cherchent à l’affaiblir, et à la
dominer,..., et à la sortir de
l’équation de la résistance. »
Une guerre des étrangers avec
des mains syriennes
Selon lui, c’est « une guerre des
étrangers contre la Syrie avec des mains
syriennes ». « Nous faisons face à une
offensive extérieure barbare,
particulièrement vicieuse parce qu'elle
n’utilise pas ses propres instruments,
mais une petite bande de Syriens et
beaucoup d’étrangers », affirme-t-il
Le président syrien s’était auparavant
expliqué plus longuement sur le fait que
la crise en Syrie est beaucoup plus
dictée par des velléités régionales et
internationales, que par des
revendications de réformes internes: «
si les raisons du conflit avaient été
réellement internes, entre forces
loyalistes et forces de
l’opposition,..., les divergences
devraient se porter sur la façon
d’édifier la patrie, et non sur celle de
la détruire. Comment expliquer ces
tentatives de détruire le pays, de
ravager son infrastructure, de le
ramener plusieurs dizaines d’années en
arrière. » Et de poursuivre : « le lien
entre l’opposition et les forces loyales
est une relation interne, mains lorsque
l’intérieur est soumis et connecté à
l’étranger, le conflit dans ce cas
devient entre l’intérieur et l’extérieur
».
Il en conclut que le conflit en Syrie
est entre l’indépendance et l’hégémonie,
entre la souveraineté de la partie et sa
soumission politique à l’étranger.
Nous n’oublierons pas
Evoquant
les positions de la Russie, de la Chine
et des pays du Brics, lesquels ont
refusé toute ingérence dans les affaires
internes des autres pays, le président
syrien a tenu à les remercier ainsi que
l’Iran. Leur signalant que « nous
n’oublierons jamais vos positions ».
Il a également averti les pays hostiles
à la Syrie, que le peuple syrien ne les
oubliera pas non plus : « il y a cet
État édifié sur l’invasion et les
agressions, nous ne sommes pas étonnés
par ce qu’il fait (en allusion à
l’entité sioniste) ; il y a des Etats
voisins de la Syrie et qui ont voulu
l’affaiblir pour y imposer leur
hégémonie ; et il y a des Etats à la
recherche d’une position qu’ils n’ont
jamais eu dans l’histoire, et qui ont
voulu l’écrire avec le sang des Syriens
; mais le peuple syrien est plus fort et
plus rigide », avait-il dit auparavant.
Transformer la Syrie en pion
Le président syrien a
particulièrement pris à part les Etats
occidentaux qui sont gênés d’après lui
parce que la Syrie veut coute que coute
rester maitresse d’elle-même et refuse
la tutelle de quiconque. « Ils ont voulu
exploiter des évènements internes pour
sortir la Syrie de l’équation politique
de la région, pour en finir avec ce nœud
gênant, pour porter atteinte à la pensée
de la résistance, et nous transformer en
pions comme la plupart de ceux qui nous
entourent ».
La guerre imposée
Concernant la situation interne et
dans ce qui semble être une réponse de
sa part à ses réfractaires, il a insisté
sur le fait que le fait de se défendre
ne constitue pas de solution
sécuritaire. « Ce n’est pas nous qui
avons choisi la guerre ; elle nous a été
imposée, et lorsque l’Etat défend son
peuple ce n’est pas une solution
sécuritaire » a-t-il signifié.
Dialoguer avec les maitres et
non les esclaves
Pour ce qui est de la solution
politique, elle a d’après lui été
entravée en raison de l’absence de
partenaire : « avec qui devrions-nous
dialoguer ? Avec ceux qui prônent une
pensée extrémiste qui légitiment
l’effusion de sang, les tueries, et le
terrorisme, avec des bandes téléguidées
par l’étranger,.., avec des marionnettes
confectionnées par l’occident qui leur
écrit les rôles à jouer », s’est-il
interrogé. Pour en déduire toutefois : «
dans ce cas, il est préférable de
dialoguer avec les originaux, et non les
comparses, avec ceux qui les ont
confectionnés, avec les maitres et non
les esclaves ».
Le président syrien s’est toutefois
engagé à toujours tendre la main pour le
dialogue, « à ceux qui ne sont pas
d’accord avec nous en politique,.., mais
qui n’ont pas porté atteinte aux
principes nationalistes. Nous sommes
prêts à dialoguer avec des partis et des
individus qui n’ont pas vendu leur
partie aux étrangers, tous ceux qui sont
prêts à jeter l’arme, avec tous ceux qui
sont réellement soucieux de l’intérêt de
la Syrie, de sa stabilité et de son
indépendance ».
Solution aux trois volets
Il a néanmoins précisé que la
solution en Syrie nécessite trois
volets: politique, sécuritaire pour
combattre le terrorisme, ainsi qu’un
volet social : « Nous en avons des
exemples à Homs et Deraa en particulier
où des gens ayant l’esprit nationaliste
ont de leur propre initiative amorcé un
dialogue entre l’Etat et des gens qui se
sont laissés séduire par les miliciens
terroristes ; ce qui a donné des
résultats très importants», poursuit-il.
le président syrien a rendu hommage à
l'armé syrienne, s'adressant aux
officiers et aux soldats, ainsi qu'aux
différentes forces de sécurité. Il a
salué tous les citoyens syriens, leur
ayant porté assistance; Il a dit
compatir avec le peuple syrien et se
désoler pour les souffrances qu'il
endure par le martyre de ses fils,
regrettant que " les cercueils des
martyrs soient entrés dans les maisons
de beaucoup".
Changer la boussole de
l'ennemi
Il s'est engagé à ce que la Syrie
reste telle qu'ils l'ont connu : "
jamais nous ne renoncerons à nos droits;
le Golan nous appartient, la Palestine
est notre cause, pour laquelle nous
avons donné ce que nous avons de plus
cher, nous soutiendrons à jamais la
résistance contre notre ennemi unique;
la résistance est une voie et non des
personnes", a-t-il affirmé, assurant que
le peuple et l'Etat syriens seront à
jamais dans la même position que celle
de leurs frères palestiniens.
Selon lui, la tentative d'immiscer
les Palestiniens dans les évènements
syriens a pour but de changer la
direction de la boussole du véritable
ennemi et va se solder par un échec.
Main dans la main
Pour terminer son discours, il a
assuré que tout ce qui a été planifié
contre la Syrie ne changera en rien au
nationalisme qui coule dans les veines
des Syriens , et pour qui la Syrie est
ce qu'il y a de plus chère. Selon lui, "
rien ne peut faire effondrer la Syrie ,
car son peuple résiste à la soumission".
Et de conclure: " main dans la main , en
dépit des blessures, nous ferons avancer
ensemble la Syrie vers un avenir plus
radieux et plus fort,... nous avancerons
ensemble.. Leurs armes ne nous
effrayeront pas, ni leur terrorisme ne
nous intimidera; parce que nous avons
une cause véridique. Dieu est avec le
vrai."
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