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UJFP 


L’UJFP RÉPOND AU RACISME D’ALAIN FINKIELKRAUT

 

 

Le 23/11/05

 

Aux membres et sympathisants de l’UJFP,

A nos partenaires associatifs,

Messieurs et Mesdames de la presse,

 

 

L’UJFP RÉPOND AU RACISME D’ALAIN FINKIELKRAUT

 

Le 18 novembre, le supplément hebdomadaire du quotidien israélien Ha’aretz a publié un reportage de 6 pages sur la France, consacré aux sujets d’actualité qui secouent actuellement l’hexagone tels les émeutes de banlieue, l’intégration des jeunes issus de l’immigration, le racisme ou l’enseignement du fait colonial à l’école publique. Le problème, c’est que ce reportage n’est autre que un entretien fleuve avec Alain Finkielkraut, écrivain et « philosophe », avatar de la pire pensée néo-conservatrice. Bien que ce monsieur se veuille un grand intellectuel, il occuperait plutôt la fonction de pompier-pyromane de la communauté juive, attisant plus d’antisémitisme qu’il incite à la réflexion. Il affiche un racisme décomplexé, profèré désormais à l’état pur. Michèle Sibony, vice-présidente de l’UJFP et Michel Warschawski, président du Centre d’information alternative de Jérusalem, ont traduit de l’hébreu de larges extraits de cet entretien. Notons que l’interview de Finkielkraut a été repris dans la version anglaise de Ha’aretz, mais tronqué de certains passages, le supplément anglais du journal ayant enlevé les propos les plus racistes et les plus scandaleuses. Les affirmations de Finkielkraut ont visiblement abasourdi les journalistes qui l’ont interrogé à Paris. En effet, ils prennent soin de préciser que les réponses de leur interlocuteur « n’émanent pas du Front national mais de la bouche d’un philosophe qu’on considérait autrefois comme l’un des porte-parole de la gauche française ». Pour les lecteurs capables d’encaisser des propos particulièrement choquants, vous trouverez cette prose nauséabonde dans le fichier attaché <Finkieldraut-1> (merci à nos traducteurs). Pour ceux qui préfèrent se passer d’une lecture particulièrement éprouvante, vous trouverez ci-dessous quelques morceaux choisis, révélateurs.

 

DU RACISME A L’ETAT PUR

 

D’emblée le titre et les sous-titres choisis par Ha’aretz donnent le ton : « Ils ne sont pas malheureux, ils sont musulmans », « Si cela ne leur plaît pas qu’ils rentrent chez eux », « Non à l’antiracisme », « De l’école en France et des bienfaits du colonialisme ». Finkielkraut commence par désigner ce qu’il considère comme la cause des récentes émeutes : « Le problème est que la plupart de ces jeunes sont Noirs ou Arabes et s’identifient à l’Islam » puis il enfonce le clou « Il est donc clair qu’il s’agit d’une révolte à caractère ethnico-religieux ». Il continue sa profession de foi raciste en endossant le rôle de commentateur sportif  : « On nous dit que l’équipe de France est adorée par tous parce qu’elle est ‘black blanc beur’, en fait aujourd’hui, elle est ‘black black black’ ». Pour lui, les jeunes de banlieue en général auraient « une culture (l’Islam) qui au lieu de s’occuper de ses propres problèmes recherche un coupable extérieur (la France) ». Sur les goûts et loisirs de ces jeunes, il s’interroge : « Quels sont les objets de leurs désirs, c’est simple : l’argent, les marques, et parfois des filles ». Ailleurs, il raconte le scénario fictif d’un restaurateur cherchant à recruter : « Imaginez qu’un jeune de banlieues vienne demander un emploi de serveur, il a l’accent des banlieues, vous ne l’engagerez pas… Il doit vous représenter, et ceci exige de la discipline, de la politesse et une manière de parler. » Après avoir mis en doute leur capacité de discipline et de politesse, le philosophe déplore l’inhabilité linguistique de nos jeunes concitoyens, désignés comme immigrés de la seconde ou de la troisième génération : « Prenez par exemple la langue, vous dites qu’ils sont d’une troisième génération, alors pourquoi est-ce qu’ils parlent le français comme ils le parlent ? C’est un français égorgé, l’accent, les mots, la grammaire. » Pour évoquer l’insécurité dans les banlieues, s’adressant au public israélien, il utilise à dessein un langage qui renvoie à des pages tragiques de l’histoire juive : les émeutes seraient pas autre chose que des « pogroms antirépublicains ». Puis, établissant une comparaison avec l’Intifada palestinienne, il accuse les parents ou les grands frères de ces jeunes d’avoir eu recours à une stratégie criminelle : « Eux aussi envoyaient en première ligne de la lutte les plus jeunes ». Opposant les façons différentes dont la presse française a réagi face à l’agitation sociale en Allemagne de l’Est après la réunification et aux récentes émeutes en France, Finkielkraut tonne : « Un Arabe qui incendie une école c’est une révolte, un Blanc c’est du fascisme ».

 

DU COLONIALISME ET DE LA HAINE

 

Finkielkraut, que rien n’arrête, enchaîne sur les bienfaits du colonialisme français et regrette que dans les écoles : « On n’enseigne plus que le projet colonial voulait aussi éduquer, apporter la civilisation aux sauvages. » Sans doute les ancêtres des « sauvageons ». Quant à l’esclavage, rien à y redire : « Ce n’était pas un crime contre l’humanité parce que ce n’était pas seulement un crime. C’était quelque chose d’ambivalent. » Les esclaves et leurs descendants apprécieront. Commentant ce que notre pays (la France) a fait aux Africains, le philosophe affirme « Il n’a fait que du bien. » Comme on pouvait s’y attendre, en bonne logique Finkielkraut tire à boulets rouges sur … les antiracistes. D’abord, « cette violence a été précédé de signes annonciateurs très préoccupants que l’on ne peut réduire à une simple réaction au racisme français » ou encore « Y voir une réponse au racisme français c’est être aveugle à une haine plus large : la haine de l’Occident ». Pour ensuite nier tout court le racisme bien de chez nous et d’énoncer « le mythe du ‘racisme français’ ». Enfin, l’antiracisme serait fauteur de troubles. Les jeunes des banlieues « jouiront du soutien et de l’encouragement à leur violence antirépublicaine, par le biais du discours repoussant de l’autocritique sur leur esclavage et le colonialisme. » Lorsque les journalistes israéliens lui font observer que la France ne traite pas ces jeunes comme des Français, Finkielkraut feint d’ignorer cette réalité et se borne à répondre : « Le problème est qu’il faut qu’ils se considèrent eux même comme Français ». Et pour ce qu’il est de leur exclusion, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-même : « La question n’est pas quel est le meilleur modèle d’intégration, mais la possibilité même d’une intégration pour des gens qui vous haïssent. » Mais la véritable haine semble être ailleurs. Commentant les crimes de la France vichyste pendant l’occupation nazie, il raconte comment sa famille a été déporté à Auschwitz. Pour conclure, toujours en parlant de la France, que « Ce pays mérite notre haine ». Que ce triste sire ait besoin d’un psychanalyse pour exorciser la haine qu’il porte en lui est une question d’hygiène personnelle qui ne regarde que lui. Mais qu’une personne de cet acabit cesse de monopoliser l’espace médiatique serait une affaire de salubrité publique. Nous espérons que la presse tiendra compte des dernières dérives racistes d’Alain Finkielkraut et en tirera les conclusions qui s’imposent. La France compte beaucoup d’intellectuels de qualité qu’on n’entend pas assez souvent. Le temps est peut-être venu pour d’autres représentants de l’intelligentsia, plus digne qu’Alain Finkielkraut, d’occuper dans l’espace public la place qui leur revient.

 

REPONSE DE L’UJFP

 

A propos de véritables représentants de l’intelligentsia, nous vous proposons un texte écrit par l’un d’entre eux, que vous trouverez dans le fichier attaché <Rudolf-13>, intitulé « De la peur de penser à l’imbécillité politique » ; il s’agit d’un court article de Rudolf Bkouche, professeur émérite à l’Université des Sciences et Techniques de Lille et membre du Bureau national de l’UJFP. Il constitue une réponse aux divagations racistes d’Alain Finkielkraut dans les pages de Ha’aretz. Outre un sursaut déontologique de la presse écrite et électronique qui doit faire attention à qui elle œuvre ses colonnes et ses antennes, d’autres institutions doivent également opérer les réajustements qui s’imposent. Celles de la communauté juive, par exemple. Si le CRIF et les associations qui lui sont proches se soucient de leur propre image et de leur respectabilité, il est grand temps qu’elles se séparent d’un de ses porte-parole officieux, devenu fort encombrant. La conclusion de l’article de Rudolf Bkouche représente une belle leçon pour Alain Finkielkraut et ses semblables, mais aussi pour les citoyens de bonne foi qui éprouvent un certain désarrois devant la violence et l’injustice ambiantes :

« Finkielkraut oublie pourtant un point fondamental du débat, et en cela il s'est placé hors de l'héritage des Lumières. Les deux siècles qui nous ont précédés ont conduit à transformer l'idée de révolte en la belle idée de révolution, c'est-à-dire en l'idée de transformer le monde. Aujourd'hui où l'idée de révolution semble morte, ne reste que la révolte ou la jacquerie pour s'exprimer, les récentes violences en France nous le rappellent. Il est alors nécessaire de rappeler que ces violences sont la réponse à une violence plus forte, qui n'est plus la seule violence d'Etat, mais qui est la violence du capitalisme mondialisé. C'est alors l'idée de révolution qu'il faut reconstruire. C'est en cela que l'on peut retrouver la tradition libératrice des Lumières. »

 

 

Richard WAGMAN

Président

 

Union juive française pour la paix (UJFP)

21 ter, rue Voltaire

75011 PARIS

 

Tél. : 01 42 02 59 76

Fax : 01 42 02 59 77

 


 Source : UJFP 


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