Paris, le 24 février 2006
L’assassinat d’Ilan Halimi est un crime barbare et l’UJFP
tient à exprimer son émotion et son indignation.
Pour autant, le caractère antisémite de cet acte n’est pas avéré.
Le Procureur de la République de Paris a déclaré : « Pendant le
week-end, certaines personnes entendues ont pu dire, de manière
indirecte, que le choix d’un Juif garantissait le paiement de la
rançon. Le juge a donc considéré qu’il y avait éventuellement
là un mobile antisémite … ».
Personne ne sait de façon sûre si l’antisémitisme a joué un rôle
déterminant dans ce crime et les nombreux précédents, notamment
les affaires du RER D ou de la rue Popincourt devraient inciter à
la prudence. Il faut laisser l’enquête se poursuivre de façon
normale, sans pression.
Pourtant le ministre Sarkozy a immédiatement déclaré qu’on
avait trouvé des documents « propalestiniens » et « salafistes
» chez le principal suspect. Et la LDJ (Ligue de défense juive,
organisation d’extrême droite) s’est une fois de plus livrée
en toute impunité à des violences racistes lors du premier
rassemblement à la mémoire d’Ilan.
Prompte à réagir cette fois-ci avant même d’avoir une
quelconque certitude, la « classe politique » ne réagit pas de la
même façon face aux nombreux actes racistes et cette indignation sélective
est dangereuse et provocatrice. Y aurait-il des crimes racistes
moins importants que d’autres ou moins dignes d’une mobilisation
? Et selon quel critère ?
L’UJFP tient à renouveler son rejet de toutes les formes de
racisme, que celui-ci frappe les Arabes, les Noirs, les Roms ou les
Juifs. Elle met en garde contre le danger de transformer cet
assassinat en une criminalisation d’une partie de la population.
Elle invite les médias à faire preuve de prudence avant de
propager n’importe quelle rumeur. Elle déplore que certains accréditent
d’office la thèse du crime antisémite. Une telle attitude est
porteuse d’une logique d’affrontements communautaires. Enfin
l’UJFP regrette vivement que certains profitent de l’immense émotion
pour entretenir des réflexes de peur et de repli communautariste.
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