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UJFP
Destruction de la
Palestine : ne nous habituons pas à l'intolérable
La guerre qui s'est déroulée
au Liban l'été dernier se solde, outre les destructions massives
des villes et villages libanais, par une résolution on ne peut
plus ambiguë et par l'envoi d'une " force d'interposition
" dont on se demande si elle doit participer au désarmement
du Hezbollah, et par conséquent prendre en charge une question
libanaise - auquel cas il s'agit d'une intervention de l'ONU dans
les affaires intérieures du Liban supposé être incapable de régler
ses propres problèmes, ou si elle doit se contenter de surveiller
le Hezbollah pour empêcher toute agression contre Israël - ce
qui revient à mettre la responsabilité du conflit sur l'agressé,
exonérant ainsi Israël de toute responsabilité dans le conflit.
Le fait que l'armée israélienne a été mise en échec par la résistance
libanaise porte un coup provisoire à la croyance dans sa suprématie
militaire.
Cela nous renvoie à l'occupation de la Palestine. La résolution
242 qui a suivi la guerre de 1967 est toujours sans effet.
D'autant que la colonisation continue en Cisjordanie et que, non
content d'avoir annexé Jérusalem-Est pour faire de Jérusalem
"la capitale éternelle d'Israël", Israël est en train
d'occuper la banlieue de Jérusalem, coupant peu à peu cette
ville de la Cisjordanie palestinienne. Dans ces conditions, la création
d'un Etat palestinien, même si elle était acceptée par Israël,
conduirait à un Etat non-viable qui ne pourrait être que sous la
coupe israélienne.
Quant au "retrait de Gaza", qui n'est pas une idée
nouvelle (Rabin y songeait au moment d'Oslo), il a été mené
comme une belle opération de propagande en montrant des colons éplorés
de devoir quitter leur terre, oubliant que celle-ci avait été
prise aux Palestiniens.
Et une fois Gaza évacuée par les colons et l'armée israélienne,
celle-ci est devenue une prison entourée d'abord par Israël qui
contrôle la frontière, ensuite par la mer, elle aussi contrôlée
par Israël, enfin par la frontière avec l'Egypte peu soucieuse
d'offrir aux Palestiniens une porte vers l'extérieur. On sait
d'autre part que le seul point de passage vers l'Egypte est sous
contrôle européen en liaison avec les Israéliens. Où est donc
l'ouverture annoncée, le grand pas vers la paix que la propagande
israélienne a voulu montrer à l'opinion publique internationale,
c'est-à-dire occidentale ?
Nul doute que les bombardements de l'armée israélienne sur Gaza,
sous prétexte de libérer un soldat fait prisonnier par la résistance
palestinienne, n'auraient jamais eu lieu avec la présence de
colons. Le retrait israélien permet ainsi de mener une guerre à
outrance et de saccager systématiquement le territoire comme s'il
fallait le rendre invivable pour ses habitants. Les derniers événements
(bombardements et assassinats) ainsi que les révélations d'une
journaliste italienne sur les armes utilisées par l'armée israélienne,
confirment la volonté de l'Etat d'Israël de détruire Gaza.
Comme si cette destruction était la façon de rappeler aux
Palestiniens qu'ils n'ont aucun droit sur la terre revendiquée
par Israël.
Pendant ce temps, sous prétexte que les élus des dernières élections
(les plus démocratiques du monde arabe comme on l'a suffisamment
expliqué) ne plaisent pas aux pays occidentaux, l'Union Européenne
a cru bon de suspendre ses subventions à l'Autorité
Palestinienne en exigeant du nouveau gouvernement qu'il
reconnaisse l'Etat d'Israël, qu'il mette fin à la violence et
qu'il respecte les accords d'Oslo. Or, l'Etat d'Israël n'a jamais
reconnu le droit à l'existence d'un Etat de Palestine, n'a jamais
mis fin à la violence que constitue l'occupation, et enfin semble
avoir oublié les Accords d'Oslo qui, pourtant, lui étaient
favorables. Alors que veut l'Union européenne, sinon marquer son
soutien à Israël ?
On oublie que les Palestiniens ont accepté en 1988 le principe de
la coexistence de deux Etats sur la terre palestinienne, le
palestinien et l'israélien, on oublie aussi que les gouvernements
israéliens n'ont jamais répondu aux Palestiniens. Yasser Arafat
a réitéré cette reconnaissance dans sa lettre à Rabin après
les Accords d'Oslo ; quant au Premier Ministre israélien, il
s'est contenté de reconnaître l'OLP comme interlocuteur.
Alors à quoi sert-il que les Palestiniens reconnaissent une fois
de plus l'Etat d'Israël ? Si cette reconnaissance avait un sens
lorsque se dessinaient des possibilités de paix fondées sur la
mise en place d'un Etat palestinien viable géographiquement et
politiquement, dès lors que l'Etat d'Israël n'a pour but que
d'annexer le maximum de territoires aux dépends des Palestiniens
et que la paix se réduit à l'hégémonie israélienne, la
reconnaissance de l'Etat d'Israël par les Palestiniens ne
signifie rien d'autre que la soumission aux diktats israéliens.
L'Autorité Palestinienne apparaît de plus en plus comme une
fiction manipulée par Israël en tant que de besoin. Mahmoud
Abbas ne pouvait se prévaloir d'aucun acquis lors des élections
palestiniennes : le vote en faveur du Hamas est alors apparu pour
ce qu'il est, un vote de résistance. Et c'est bien cela que
l'Union Européenne ne pardonne pas aux Palestiniens. Sa manouvre
est claire : provoquer des incidents conduisant à la remise en
cause du gouvernement issu des dernières élections.
Ainsi se continue en Palestine un déni de droit accepté par
l'ONU sous l'égide de l'Occident et c'est ce déni de droit qui
est au cour du problème. Tant que les droits des Palestiniens
seront niés, le problème ne sera pas résolu et la résistance
contre l'occupation continuera.
Le projet d'une coalition regroupant le Fatah et le Hamas, qui
semblait se dessiner, est en panne, le clivage se faisant autour
des conditions posées par l'Union Européenne, lesquelles
conditions ne peuvent que conduire à la mort de la Palestine. Il
ne s'agit plus de ce que l'on a appelé, d'une façon quelque peu
simpliste, un clivage entre "extrémistes" (ceux qui,
comme le Hamas, refusent les conditions de l'Union Européenne) et
"modérés" (ceux qui sont prêts à accepter ces
conditions), mais d'une question fondamentale, celle de la
reconnaissance des droits du peuple palestinien.
Enfin, l'UJFP exige que cesse la complicité de fait du
gouvernement français et de l'Union européenne avec le
gouvernement israélien et que le droit international soit respecté.
22 octobre 2006
Union Juive Française pour la Paix (UJFP) - 21 ter
rue Voltaire, 75011 PARIS
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