UNION
JUIVE
FRANÇAISE
POUR LA PAIX
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
(10/04/06)
DEUX ÉLECTIONS QUI NE SE RESSEMBLENT PAS
A deux mois d'intervalle se sont déroulées deux élections, les élections
palestiniennes le 25 janvier et les élections israéliennes le 28
mars, l'une dans un pays qui vit une occupation dure et qui résiste,
l'autre dans le pays occupant qui semble s'être habitué à sa
condition d'occupant et qui n'a de cesse de renforcer ses positions
sur le terrain
En votant pour le Hamas, les Palestiniens ont fait acte de
protestation et de résistance. Ils ne font plus confiance à une
Autorité Palestinienne qui, même si elle représente
historiquement le Mouvement National Palestinien, n'a pas su résister
aux manœuvres de l'occupant qui, au nom d'un processus sans fin,
jouait de temps en temps à la négociation tout en renforçant
la colonisation de la Cisjordanie et en durcissant les conditions de
l'occupation. Aujourd'hui le Hamas remet en question moins une
possibilité de paix qui n'existe plus depuis longtemps que ce jeu
du processus qui n'avait d'autre but que d'assurer l'hégémonie
israélienne. Et les alliés occidentaux d'Israël, américains et
européens, de menacer les Palestiniens pour avoir osé défier
l'occupant israélien.
Rien de tel en Israël, des élections quelque peu incolores avec près
de 37 % d'abstentions (un record), des élections qui vont permettre
les retrouvailles d'un parti dit « du centre », Kadima, et d'un
parti dit « de gauche », le Parti Travailliste, lesquels se
donneront une belle image par rapport au parti électoralement
disqualifié de la droite dure, le Likoud.Ainsi Sharon, cet héritier
commun des deux composantes du sionisme d'avant Israël, celle de
Ben Gourion et celle de Jabotinsky, aura, du fond de son coma, gagné
la partie. La paix ne se fera pas et l'Etat d'Israël
poursuivra sa politique degrignotage de la Palestine, quitte à
abandonner les parties du terrain qui lui coûtent trop cher. On l'a
vu à Gaza comme on le verra avec Olmert prêt à lâcher quelques
colonies sans intérêt pourvu que lui restent les colonies autour
de Jérusalem, Maale Adoumim, Psagot ou Gush Etzion, l'importante
colonie d'Ariel et la vallée du Jourdain, ce qui suffit pour empêcher
de vivre les quelques morceaux de terrain abandonnés aux
Palestiniens. Encore que, comme on le voit à Gaza, Israël garde le
contrôle du territoire quitte à y laisser se développer la famine
au nom de la sacro-sainte sécurité.
Si l'équilibre des forces politiques aura des conséquences sur la
politique intérieure, la nouvelle composition de la Knesset devrait
avoir peu d'incidence sur la politique envers les Palestiniens.
Quant à Ehud Olmert, l'héritier de Sharon, il aura compris la leçon
de son prédécesseur du bon usage d'une opposition de droite. La
droite du Likoud et les colons ont permis à Sharon de se donner une
belle image de paix au moment du retrait de Gaza, ce qui permettait
à ses supporters de renvoyer la balle à l'Autorité Palestinienne.
Olmert sait que la partie devrait être encore plus facile puisque
les Palestiniens, en donnant la majorité au Hamas, ont montré aux
inconditionnels d'Israël que ce dernier n'avait aucun
interlocuteur.
Pourtant, ces élections auront marqué une nouvelle donne. Pour la
première fois, la question sociale a joué un rôle important et a
provoqué entre autres un effondrement du Likoud lié à la
politique ultra-libérale de Netanyahou. Mais ce glissement ne
change rien sur le consensus qui traverse la classe politique israélienne
sur l’annexion rampante et la poursuite de la colonisation.
Personne, parmi les responsables politiques occidentaux, ne s'est,
jusqu'à aujourd'hui, demandé si les Palestiniens avaient un
interlocuteur israélien, si Israël acceptait de reconnaître un État
de Palestine et de mettre fin à la violence. Personne n'a exigé
d'un gouvernement israélien qu'il respecte les accords avec
l'Autorité Palestinienne.
Tant que cette impunité durera, Israël pourra continuer
l'occupation, continuer la colonisation, continuer la construction
du Mur dont Olmert dit maintenant qu'il marque la future frontière
et la paix qui n'a jamais été proche continuera de s'éloigner.
Mais on pourra dire que c'est la faute aux Palestiniens ; pour Israël
et ses alliés, c'est ce qui importe.
Union Juive Française pour la Paix (UJFP), 21 ter rue Voltaire,
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