Palestine - Solidarité

   



L'information est une arme au service de la paix. Sa diffusion est un acte de résistance
Les médias occidentaux ont toujours accepté les versions de l'armée israélienne et fermant les oreilles 
aux autres sources

Journal  des  Palestiniens

N° 140      21-09 au 25-09   

Par  M.Lemaire
Ce journal est obtenu par la lecture journalière des journaux en ligne (Afp- ats - Ap - Reuters ainsi que les sources d'informations de la résistance). ensuite patiemment fais les recoupements...
 
Vous retrouverez ce journal sur le site :   www.palestine-solidarite.org
ainsi que dans la rubrique "Le jounal des Palestiniens" sur le site "Palestine, le secret dévoilé" : http://www.palestinefr.net/jop.php
Le signe # veut dire : important (a mes yeux) :
Editorial

Opération "Première pluie"

Tout a commencé par un défilé pour célébrer le retrait des forces d'occupation, dans le camp de réfugiés de Jabaliya, auquel participaient des milliers de Palestiniens quand soudain, suivant le porte-parole du Hamas Sami Abou Zouhri, un drone israélien a attaqué la parade à la roquette. L'explosion a causé la mort de  pas moins de 19 palestiniens et  blessé 85 autres,

Le porte-parole du mouvement de résistance Hamas, Sami Abou Zohri a accusé Israël d'être responsable de l'explosion et le lendemain le Hamas a lancé des roquettes sur la ville de Sderot causant des blessures à 6 israéliens.

La boite de pandore était ouverte… le gouvernement Israélien a immédiatement décidé  de prendre les décisions nécessaires.

Le ministre israélien de la Défense Mofaz donne ordre à l'armée de mener des opérations "dures" dans la bande de Gaza et  d'engager une offensive contre le Hamas et le Jihad islamique dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, incluant une offensive aérienne continue, et de concentrer des troupes près du secteur nord de la bande de Gaza".

L’armée apparemment n’attendait que cet ordre et le déluge d'actions terroristes a commencé.

Entre toutes sortes d’attaques et la multiplication des raids aériens, relevons celle-çi: à  l'aube du 25 septembre, l'armée israélienne a attaqué l'école Arkam dans la ville de Gaza, bilan de cette action : 22 blessés, dont 8 femmes, de nombreux enfants, et un bébé

Ce même dimanche Sharon confirmait : il n'imposerait "aucune limitation" à l'armée, tandis que Bush par porte-parole interposé, (Richard Jones - ambassadeur des Etats-Unis en Israël) affirme  que son pays(les Usa) "comprend" le besoin d'Israël de se défendre et reconnaît que les groupes palestiniens tentent de provoquer l'Etat hébreu.

Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, se dit "effrayé" par la montée de la violence au Proche-Orient, et analyse : cette montée de la violence "risque de conduire à l'impasse l'élan né dans la foulée du retrait israélien de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie".

En conclusion,  la répression israélienne, surnommée opération "Première pluie" par les médias a couté la vies à 30 palestiniens et blessé 123 autres

Cathy & Marc


                                   21-09 au 25-09 :   Peuple Palestinien  : 30 tués   -  123 blessés

Sommaire : 
1 Politique Palestinienne (en Palestine toujours occupée)
2 Politique Israélienne

3 Politique internationale des territoires occupés 

4 La Palestine en chiffre & au jour le jour
Décompte des pertes humaines
Détails par région
5 Médias :

6 Les brèves

6-1 Conal Urquhart :  Des troupes israéliennes disent qu'elles ont reçu des ordres de tirer pour tuer; des soldats israéliens parlent de tueries sans discrimination et d'une culture d'impunité (Guardian)
6-2 Point de vues du "Le monde" : Benyamin Nétanyahou, chef de file des faucons de la droite
7 Dossier
7-1 ISRAEL ENTRE DANS UNE NOUVELLE PHASE D'ECRASEMENT DU PEUPLE PALESTINIEN
a) Marc Lemaire : Gaza au jour le jour 
b) dossier de Olivia Zemor : une offensive destinée à écraser la résistance palestinienne à l'occupation.
c) Rolland Richa : "Première pluie"
7-2 Entretien avec Leila Shahid "Les Israéliens ont atomisé le tissu social de Gaza"
7-3 Point de vue de Hanan Ashrawi : Israël est occupé à transformer Abbas en bouc émissaire, comme il l’a fait pour Arafat
7-4 Reportage de Shahar Ginossar : On tire et on touche
8 Annexe
8-1 Analyse de l'Associated Pres : Mahmoud Abbas se retrouve au coeur du chaos laissé par les israeliens
2. Discours de Nurit Peled-Elhanan à la Journée Internationale des Femmes au Parlement

1  Politique Palestinienne 
1-1    Processus de paix & le Futur état :

# "Israël doit se retirer de tous les territoires occupés et donner aux Palestiniens le droit d'avoir leur Etat", a déclaré Zacharia Zoubeïdi, du Fatah

21-09

Alors que tout le monde parle du retrait israélien de la bande de Gaza et de la fin de l'occupation après 38 ans, les palestiniens essayent encore toujours, de deviner quel est leur réel futur dans " la grande prison ", appelée la bande de Gaza ...

21-09

Réaction au décret israélien qui transforme quatre points de passage entre Gaza et Israël en poste frontière.
Le coté palestinien, contestant à Israël de garder le contrôle sur les passages frontaliers, ont rejeté la mesure israélienne la considérant comme prématuré.
"J’estime que les frontières internationales ne pourront être fixées qu'une fois achevées les négociations sur le statut définitif des frontières", a déclaré Saeb Erekat, le négociateur chef palestinien.

21-09

Israël a proclamé frontière internationale les limites la séparant de la bande de Gaza,

Réaction  

Les dirigeants palestiniens ont minimisé la portée de ce décret. "J’estime que l'on peut pas la classer ‘en droit, comme frontière internationale parce que l'occupation de Gaza n'est pas terminée"

"Les frontières internationales ne pourront être fixées qu'une fois achevées les négociations sur le statut définitif des frontières",a déclaré le négociateur palestinien Saeb Erekat.

"Je pense que les frontières internationales ne pourront être fixées qu'une fois achevées les négociations sur le statut définitif des frontières", a-t-il ajouté.

Ap

1-2 Les grandes manoeuvres
21-09
Selon un officiel du Hamas, Said Siam, les résistants ont promis au président Abbas que toutes les parades militaires finiraient samedi

21-09

# L'Autorité nationale palestinienne a rejeté l'appel du Quartet de démanteler les milices armées et a demandé à la communauté internationale d'arrêter se mêler des affaires internes palestiniennes ...

Les ministres du Quartet, atant déclaré  qu'après le retrait israélien de Gaza, les palestiniens devaient " démanteler les capacités et infrastructures terroristes ".
" En ce qui concerne la question des résistants et nos relations avec eux, celle-ci est une question interne "
" Nous savons plus et nous sommes plus capables que d'autres à négocier avec nos frères ".
21-09
# Hatem Abdel Kader, le représentant du Fatah, a condamné la demande de Quartet comme " une intervention flagrante " dans les affaires palestiniennes.
" Le Quartet n'est pas autorisé à faire une telle demande.
Nous espérons que le Quartet appellera Israël de démanteler les groupes armés qui avaient participé aux élections pour la Knesset.
21-09
Pourquoi nous demandent t'ils de démanteler les groupes armés(lire résistance)  alors que les colonies sont pleines de gens armés ? ", a demandé Abdel Kader.
http://www.ipc.gov.ps/ipc_new/france/details.asp?name=10703
1-3 Sur le terrain

25-05

"Aux termes de nos engagements pris dans le cadre d'un accord national conclu au Caire pour une accalmie jusqu'à la fin de 2005, le Hamas annonce qu'il cesse ses opérations à partir de la bande de Gaza contre l'occupation sioniste",

Cette décision a été prise avec le souci "de tenir compte des intérêts du peuple palestinien", a affirmé M. Zahar, un dirigeant du Hamas

(afp- 22h05)

1-4 Gouvernement cherche coalition désespérément...  

22-09

Le négociateur palestinien Saëb Erakat a appelé hier l'administration américaine de déployer ses efforts pour aider les palestiniens en Cisjordanie et à l'est de Jérusalem à  participer aux élections palestiniennes législatives prévues le 25 janvier 2006 ...
http://www.ipc.gov.ps/ipc_new/france/details.asp?name=10698 

22-09

Mr Erakat l'assistant du Secrétaire d'état des USA pour les affaires du Moyen Orient, a souligné la nécessité d'envoyer des observateurs internationaux pour assurer des élections transparentes et libres

SOURCE : IPC+agences


2  Politique Israélienne
2-3 Sur le terrain

21-09

# Israël a une frontière avec un éventuel Etat palestinien

Le décret signé par le ministre israélien de l'Intérieur, Ofer Pines-Paz, transforme quatre points de passage entre Gaza et Israël en poste frontière. "Pour Israël, il s'agit désormais d'une frontière internationale", a précisé un porte-parole du ministère.

2-4 Les grandes manœuvres

21-09

Les colonies isolées de Ganim, Kadim, Sanur et Homesh, dans la région de jénine, (seules de Cisjordanie qu'Israël prévoit d'évacuer.) ont été évacuées, mais, contrairement aux 21 colonies de Gaza évacuées en août, elles restent dans un secteur de Cisjordanie sous contrôle militaire israélien.

Nb : Il reste encore 116 autres colonies, occupées par 245.000 colons)

21-09

# Israël a proclamé frontière internationale les limites la séparant de la bande de Gaza, établissant formellement pour la première fois une frontière avec un éventuel Etat palestinien.

Le décret signé par le ministre israélien de l'Intérieur, Ofer Pines-Paz, transforme quatre points de passage entre Gaza et Israël en poste frontière. "Pour Israël, il s'agit désormais d'une frontière internationale", a précisé une porte-parole du ministère.

Les ressortissants israéliens et étrangers devront désormais avoir un passeport pour se rendre d'Israël dans la bande de Gaza et remplir des formulaires administratifs et non plus des documents militaires.

En revanche, les rares Palestiniens autorisés à se rendre en Israël pour travailler ou suivre des traitements médicaux seront toujours soumis à des permis de sécurité.

Ap
2-5 Gouvernement cherche coalition désespérément.

22-09

Sharon lutterait pour sa survie politique, à quatre jours d'un vote crucial du Comité central du Likoud à l'occasion duquel Netanyahu, veut obtenir son désaveu.

Selon un sondage publié par le Haaretz, 45,5% des membres de cette instance approuvent la tenue de primaires au Likoud en novembre prochain, conformément aux voeux de M. Netanyahu, et 40,3% soutiennent Sharon qui veut organiser la consultation en avril 2006.

Le Comité central du Likoud doit se réunir dimanche et se prononcer lundi soir à bulletins secrets sur ce point.

Selon un sondage conduit deux semaines plus tôt, M. Sharon obtenait 27 mandats à la tête du nouveau parti, et 19 au Likoud de M. Netanyahu

2-6 Pays corrompu cherche …
19-09

Selon la chaîne de télévision Channel 10, Sharon a participé dimanche à New York à une rencontre avec des sympathisants, qui se sont acquittés d'un droit d'entrée fixé à 10.000 dollars par couple.

Alors que la loi israélienne interdit l'utilisation de fonds étrangers pour les campagnes électorales...

 
2-7 Diplomaties & engagements

22-09

Shalom (ministre des Affaires étrangères)  effectuera une visite officielle au Maroc cette année dans le cadre du réchauffement des relations entre les deux pays, consécutif notamment au retrait israélien de Gaza, a annoncé un porte-parole du ministère.

AP

2-10 Politique colonialiste israélienne (Colonisation & colonies)

21-09

# " Nous ne laisserons pas ce port à être ouvert quoi que ce soit. Nous désirons contrôler ce que vient et ce que sort "" Si nous ne pouvons pas tomber d'accord sur les arrangements sécuritaires, ce port ne serait pas construit ", a déclaré Haim Ramon .
21-09

(confirmation)

Israël annonce qu'il ne permettrait pas la construction d'un port maritime dans la bande de Gaza, à moins qu'il contrôle toutes les cargaisons entrant et sortant, a déclaré un fonctionnaire du ministère responsable des négociations économiques avec le côté palestinien.
http://www.ipc.gov.ps/ipc_new/france/details.asp?name=10690
 

22-09

# Le chef du service des Renseignements israélien "Shabak", Yoval Diskin, attaque l'ANP, et demande l’interdiction aux Palestiniens de circuler librement entre la bande de Gaza et la Cisjordanie .

Diskim : "Nous devrions permettre le mouvement entre la bande de Gaza et la Cisjordanie en raison des demandes de la communauté internationale, mais tout ceux entrant à Gaza de l'étranger arriveraient par la suite par Tel Avive ou Khadera pour en Cisjordanie.
Yoval Diskin, : "Il est inévitable que la recherche aux check -points devrait être limitée et renforcée contre tout ceux veulent aller de  Gaza vers la Cisjordanie.

C'est une question essentielle et aussi longtemps que ces recherches ne sont pas conduites, nous ne donnerons aucun permis de sortir de la bande excepté dans des cas humanitaires,

SOURCE : IPC+agences

23-08
# Suite aux recommandations de la Cour suprême, le Procureur général a demandé de modifier le tracé de la barrière autour des blocs d'implantations, rapporte le Maariv. Ce qui signifie que l'implantation d'Ariel deviendra une enclave en territoire palestinien et que la route trans-Samarie sera le nouvel axe Philadelphie. Conformément à ce plan secret présenté hier à S. Mofaz, les routes qui mènent aux implantations seront bordées de barrières et de murailles, précise le quotidien.
Le plan originel ratifié par le gouvernement en octobre 2003 stipule qu'un mur de sécurité doit être érigé autour des blocs d'implantations, qui relierait ces localités à la Ligne Verte par l'intermédiaire de "couloirs" de quelques kilomètres chacun. Suite à l'opposition des Américains, la construction n'a été engagée que sur une petite partie du tronçon, et essentiellement autour des localités juives.

Après le désengagement, l'échelon politique et les responsables de la Défense ont voulu tirer profit de la sympathie internationale à l'égard d'Israël et appliquer au plus vite ce plan comprenant de larges couloirs mais l'arrêt de la Cour suprême de la semaine dernière, intimant l'ordre de modifier le tracé du mur dans la région d'Alfei Menashe, a nécessité la préparation d'un nouveau plan, valable également pour les autres zones.

Ambassade de France en Israël
http://www.ambafrance-il.org/menu.htm

 


2-11 Politiques extérieure

Le roi Abdallah II de Jordanie effectuera "dans les tout prochains jours" une visite dans les territoires palestiniens et en Israël où il doit rencontrer le leader palestinien Mahmoud Abbas et le Premier ministre israélien Ariel Sharon, a rapporté samedi l'agence officielle Pétra.

Les entretiens avec MM. Abbas et Sharon "porteront sur la nécessité d'établir la confiance entre les deux parties (israélienne et palestinienne) et de mettre un terme à la violence", selon la même source.

Les entretiens porteront aussi sur "la nécessité de renforcer l'Autorité palestinienne et l'aider à étendre son autorité sur les terres évacuées par Israël".

(afp- 18h21)


3 Politique internationale des territoires occupés 
Egypte

21-09

200 policiers égyptiens empêchaient 1.500  palestiniens (qui étaient entrés en Egypte pour fare des emplettes et visiter de la famille la semaine dernière)  d'approcher du point de passage officiel de Rafah

Ils sont bloqués dans la partie égyptienne de Rafah. et devaient passer la nuit dans un lieu inoccupé près de l'hôpital de la ville.

AP

3-6 Usa

22-09

# Le Secrétaire d'état des USA pour les affaires du Moyen Orient, Erakat a affirmé que'' le passage terminal de Rafah doit être sous le plein contrôle palestinien avec la présence d'un tiers- l'EU- et une coopération complète avec les Egyptiens''. 
Selon des sources israéliennes, Israël avait accepté en principe le déploiement d'observateurs internationaux à la frontière entre la bande de Gaza et l'Egypte.
SOURCE : IPC+agences

25-09

# La secrétaire d'État Us Rice a appelé le président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas à tout faire pour empêcher les tirs de roquettes Qassam sur Israël

25-09

# La secrétaire d'Etat américaine a exigé au président de continuer les contacts avec les israéliens afin de maintenir le calme,,,

En réponse, le président Abbas a demandé à  Rice s'impliquer personnellement pour éviter une offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza ....
http://www.ipc.gov.ps/ipc_new/france/details.asp?name=10769


4 Territoire palestinien occupé : 

Palestine

Opération "Première pluie"

24-09

L'armée israélienne a imposé à compter de samedi et jusqu'à nouvel ordre un bouclage total des territoires palestiniens.

Cette mesure concerne la Cisjordanie, la bande de Gaza, dont les points de passage vers le territoire israélien ont été fermés, et les localités palestiniennes de la Vallée du Jourdain.

(afp- 07h07

 

4-1 Détails par région
Cisjordanie (occupée par Israël depuis 1967)

25-09

 Les forces israéliennes ont arrêté dans la nuit de samedi à dimanche "plus de 150 résistants du Hamas et Jihad islamique ", a précisé une porte-parole de l'armée israélienne.

Selon une source militaire israelienne, plus de 12 dirigeants politiques ou militaires du Hamas figurent parmi les personnes kidnappées.

La radio publique israélienne a fait état de l'arrestation de Hassan Youssouf, considéré comme un des principaux dirigeants du Hamas en Cisjordanie

(afp- 06h27)

 

Jénine

 

22-09

Les sources sécuritaires ont indiqué qu'Adnan Hantoli,19ans, a été sérieusement blessé quand les soldats israéliens installés au poste militaire près de ville d'Araba ont ouvert le feu.

SOURCE : IPC+WAFA

22-09

Selon des sources médicales, Fadal Abu Aram, 14 ans, a succombé aux blessures, qu'il avait reçues le mois dernier

Ramallah

Villages de Saida et d'Illar, près de Toulkarem

23-09

Illar.

Selon des sources sécuritaires palestiniennes et des témoins, Irruption de 30 jeeps de l'armée israélienne, appuyées par cinq tanks et deux hélicoptères, dans le village d'Illar, à environ cinq kilomètres au nord-est de la ville de Tulkarem.

Une fusillade de 10 minutes s'en est suivie, ont indiqué aux habitants du village .

Jamil Abou Sa'ada, 25 ans, et Said al-Ashqar, 23 ans, ont été tués

 

Saida

Envahisement par les Foi en surnombre et rattissage du village.

Les villageois ont essayé de contenir la furie soldatesque, et Raed Ajaj, 31ans, a été tué .
Des témoins ont affirmé qu'à cette action, plusieurs unités spéciales et snipers y avaient participé.

Selon des sources sécuritaires palestiniennes, les soldats israéliens se trouvent toujours dans le village dont tous les accès ont été fermés.

(ats & Ipc - 03:20)

 

 

Biet Amin (sud de Qalqilia.)

24-09

Nabil Amer, 21 ans, a été blessé par les tirs des soldats israéliens

Les forces israéliennes ayant installé un barrage militaire à l'est de Qalqilia en Cisjordanie et empêché les citoyens d'entrer ou de sortir de la ville.

Autres lieux

Base de Mevo Dotan

22-09

(AP)

Allah Khamtouni et neuf autres Palestiniens sont entrés par erreur dans la base de Mevo Dotan, près de la ville de Djénine, croyant que les lieux avaient déjà été évacués,

Allah Khamtouni a été  tués et plusieurs autres blessés

AP


Bande de Gaza

24-09

# Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a affirmé dimanche qu'il n'imposerait "aucune limitation" à l'armée

Le ministre israélien de la Défense Mofaz a donné ordre à l'armée de mener des opérations "dures" dans la bande de Gaza.

"Le ministre a également donné ordre d'engager une offensive contre les infrastructures du Hamas et du Jihad islamique dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, incluant une offensive aérienne continue, et de concentrer des troupes près du secteur nord de la bande de Gaza"

M. Mofaz a ensuite "donné ordre à l'armée israélienne de se tenir prête à mener une offensive aussi longue qu'il sera nécessaire" et l'armée terroriste israélienne a mené depuis l'aube une série de raids aériens sur  Gaza et sur Jabaliya (nord).

25-05

L'aviation israélienne a poursuivi ses raids dans la bande de Gaza,

(Lire suite dans dossier : 7-1 : Gaza au jour le jour )

GAZA

24-09

Assassinat ciblé

Un hélicoptère a tiré deux missiles sur des résistants,

Quatre Palestiniens ont été tués et neuf  ont été blessés quand dans un raid aérien israélien dans l'est de la ville de Gaza, selon un nouveau bilan de sources médicales et du ministère palestinien de l'Intérieur.

(afp- 15h09)  & http://www.ipc.gov.ps/ipc_new/france/details.asp?name=10758

25-09

Selon des témoins et des sources médicales, l'armée israélienne a effectué un nouveau raid israélien

Avant l'aube l'armée israélienne a attaqué l'école Arkam située le quartier Yaffa secteur nord de la ville de Gaza, ont indiqué les témoins

Bilan de cette action terroriste : 22 blessés, dont 8 femmes et de nombreux enfants, et un bébé, certains sont dans un état critique, ont confirmés les responsables médicaux.

Nb : Méthode fasciste : L'armée israélienne a confirmé que cette attaque avait été lancée contre une école, "parce qu'elle était utilisée pour faire passer de l'argent aux terroristes (lire résistants) et à leurs familles".

(ats 01:29)

25-09

Au moins deux Palestiniens, dont un haut responsable du Jihad islamique ont été tués lors d'une opération de liquidation ciblée contre leur voiture menée par l'armée de l'air israélienne dimanche soir dans les faubourgs de Gaza, selon des sources sécuritaires palestiniennes.

(afp-18h55)

Jabaliya

23-07

Pendant un défilé militaire, dans le camp de réfugiés  auquel participaient des milliers de Palestiniens pour célébrer le retrait des forces d'occupation il y a eu une explosion d'une voiture

Le porte-parole Sami Abou Zouhri a affirmé qu'un drone israélien a attaqué la parade à la roquette et dénoncé un "abominable crime israélien".

Le porte-parole du Hamas, Sami Abou Zohri a accusé Israël d'être responsable de l'explosion qui a fait 19 tués et plus de 85 blessés (Vingt des 85 blessés dans l'explosion sont dans un état "grave" ou "critique",)

Il à par la suite étayé ces accusations en exhibant, des éclats de roquette tirée par un avion prélevés sur l'un des blessés.

Nb :  Le Fatah a accusé le Hamas d'être responsable (indirectement) de l'explosion. " Nous avions déjà signalé que ces parades militaires étaient dangereuses pour notre peuple et avions convenu qu'elles devaient cesser

SOURCE :afp- Ap - IPC+agences


Israël

Sdérot

24-09

21 roquettes se sont abattues sur la ville

Bilan : 6 Israéliens blessés.

(ats -03:47)


4-2 Décompte des pertes humaines (Depuis le début de l'Intifada le 25 septembre 2000 )
2-1 Palestine : 
Civils & résistants  tués                                                                                 : 4.158
                                                                                                            dont : 672 de moins de 21 ans
Internationaux blessés                                                                                  : 148 (chiffre tout a fait minimal)
Palestiniens blessés par les forces israéliennes et les colons                          : 44.002
 
(balles réelles ou caoutchoutées, gaz lacrymogène, autres moyens)
Arrêtés     :                                                                                                   :  40.566
En prison  :                                                                                                  :   8.600
Pacifistes en prison ou arrêtés                                                                       : + 89
Autres actes           
Journalistes tués                                                                                            :  9
Nombre de maisons palestiniennes détruites ou partielemnt démolies               :  66.265
2-2 Occupants:
Israéliens  tués                                                                                               : 1.062
                                                                                                                   ( 330 militaires/policiers)
Israeliens  blessés                                                                                          : 5.847
                                                                                                                   ( 1219 militaires/policiers)
Chiffres tenu à jour  par ML (suivant un décompte gouvernemental palestinien & Ap, Afp (pour la Palestine & Afp pour Israël)

5 Médias
Il faudrait faire campagne contre l'afp, qui est, vraiment,  un journal pourri jusqu'à l'os.
ML

6 Les brèves

6-1 Conal Urquhart :  Des troupes israéliennes disent qu'elles ont reçu des ordres de tirer pour tuer; des soldats israéliens parlent de tueries sans discrimination et d'une culture d'impunité (Guardian)
Des procureurs militaires israéliens ont ouvert une enquête criminelle suite aux allégations de soldats qu'ils avaient exécuté des ordres illégaux de tirer pour tuer, contre des Palestiniens non armés.
Les 17 enquêtes séparées ont été provoquées par le témoignages de dizaines de soldats collectés par " Rompre le silence ", un groupe de pression d'anciens soldats israéliens engagés dans la dénonciation des violation de droits humains par l'armée pour réprimer l'intifada palestinienne. Les enquêtes couvrent une série d'allégations comprenant l'usage abusif d'armes et d'autres abus de pouvoir.
Certains des soldats qui ont aussi parlé avec le Guardian qu'ils avaient agi dans certaines parties des territoires palestiniens sur des ordres permanents d'ouvrir le feu sur des gens qu'ils soient armés ou non ou qu'ils constituent une menace physique ou non.
Les soldats ont dit que dans certaines situations ils ont reçu l'ordre de tirer sur toute personne apparaissant sur un toit ou un balcon, ou toute personne s'agenouillant sur le sol ou toute personne apparaissant en rue à une certaine heure. Parmi ceux qui furent tués par les soldats agissant sur ordre il y avait de jeunes enfants.
Alors que l'origine de l'expérience des soldats en conflit armé s'est poursuivie en Cisjordanie et dans la bande de Gaza depuis octobre 2000, beaucoup de tirs ont eu lieu pendant des périodes de calme, quand il n'y avait pas de risque immédiat pour les soldats impliqués.
Yehuda Shaul, le cofondateur de " Rompre le silence " a dit que l'intention était de montrer qu'il ne fallait pas blâmer des soldats individuels pour avoir tué des Palestiniens innocents. " C'est une situation blâmable et qui est créé par des leaders militaires et politiques, pas par les soldats sur le terrain, " a-t-il dit.
Les témoignages ont éclairé la manière dont 1.700 civils palestiniens ont été tués pendant la seconde intifada.

lire suite dans
http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,1563255,00.html

http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,1563476,00.html
--- Des soldats israéliens parlent des tueries sans discrimination par l'armée et d'une culture d'impunité
Le témoignage de ceux qui sonnent la sonnette d'alarme montre le désir existant de se venger des Palestiniens.
Conal Urquhart à Tel Aviv
Mardi, 6 septembre, 2005
The Guardian


6-2 Point de vue Le monde : Benyamin Nétanyahou, chef de file des faucons de la droite
Benyamin Nétanyahou, chef de file des faucons de la droite Benyamin Nétanyahou, aujourd'hui âgé de 55 ans, fut en 1996 le plus jeune premier ministre de l'histoire d'Israël. Il occupait le portefeuille des finances au sein de l'actuel gouvernement Sharon avant de démissionner avec fracas le 7 août pour marquer son opposition au retrait de la bande de Gaza, dont le coup d'envoi a été donné le 15 août. Celui qui est depuis longtemps considéré comme "l'enfant terrible" de la droite nationaliste israélienne avait attendu le dernier moment pour porter ce coup à la mise en œuvre du plan de retrait.   En quittant le gouvernement, se dissociant ainsi d'un plan de désengagement auquel le noyau dur du Likoud est hostile, M. Nétanyahou cherchait manifestement à supplanter M. Sharon à la tête du grand parti de la droite, avant les électi! ons...
Pour lire la suite cliquez ici
EVANGELIZT


7 Dossier

7-1 ISRAEL ENTRE DANS UNE NOUVELLE PHASE D'ECRASEMENT DU PEUPLE PALESTINIEN
a) Marc Lemaire : Gaza au jour le jour

24-09

Le ministre israélien de la Défense Mofaz a donné ordre à l'armée de mener des opérations "dures" dans la bande de Gaza.

"Le ministre a également donné ordre d'engager une offensive contre les infrastructures du Hamas et du Jihad islamique dans la bande de Gaza et en Cisjordanie, incluant une offensive aérienne continue, et de concentrer des troupes près du secteur nord de la bande de Gaza"

M. Mofaz a ensuite "donné ordre à l'armée israélienne de se tenir prête à mener une offensive aussi longue qu'il sera nécessaire" et l'armée terroriste israélienne a mené depuis l'aube une série de raids aériens sur  Gaza et sur Jabaliya (nord).( en tout, 9 raids ont été lancés selon une source militaire israélienne) 

 L’armée de terre déployait samedi après-midi une batterie d'artillerie à la frontière de la bande de Gaza

L'armée israélienne a en outre imposé à compter de samedi et jusqu'à un nouvel ordre un bouclage total des territoires palestiniens.

Des troupes israéliennes disent qu'elles ont reçu des ordres de tirer pour tuer; des soldats israéliens parlent de tueries sans discrimination et d'une culture d'impunité (Guardian)
http://www.guardian.co.uk/international/story/0,3604,1563476,00.html

24-09

Dans la ville de Beit Hanoun, au nord de la bande de Gaza les hélicoptères israéliens ont tiré une missile contre une institution culturale administrée par le Front Populaire pour la Libération de la Palestine (FPLP).
Des sources locales ont affirmé que le Centre culturel d'Al Taghreed avait été la cible d'au moins une missile, qui avait détruit le centre et causé la coupure de courant dans la ville.
En outre, les hélicoptères israéliens ont bombardé la maison d'Amer Qarmout, un commandant des Brigades Saladin Al Nasser, l'aile militaire des Comités de la Résistance populaire. Le bombardement a causé des dégâts massifs, mais sans faire des victimes.
Dans la ville de Khan Younés, au sud de la bande de Gaza, un groupe d'activistes palestiniens des Brigades des Martyrs d'Al Aqsa, l'aile militaire de Fatah, a survécu à une tentative d'exécution extrajudiciaire menée par les forces israéliennes.
Des sources sécuritaires et des témoins ont confirmé qu'un hélicoptère Apache, qui planait sur le ciel de Khan Younés avait tiré un missile contre la maison de Maher Al Farra, un commandant des Brigades Al Aqsa, dans le voisinage de Cheick Nasser, au sud de Khan Younés.
Al Farra a réussi à s'enfuir ensemble à ses camarades, Hassan Al Qassas et Ziad Abou Lehya avant que le missile frappe sa maison.
Quelques minutes après, un second missile a été tiré dans la ville de Bani Suheila, à l'est de Khan Younés, avant comme cible la maison de Zyad Abou Lehya, un des camarades d'AL Farra.
Le bombardement de cette maison a causé sa destruction et l'incendie d'un atelier métallique voisin.
Samedi après-midi, les chaloupes israéliennes se sont approchées des rivages de la bande de Gaza et ouvert le feu contre les canots de pêche et les maisons civiles.
Des témoins ont ajouté que les chaloupes israéliennes avaient ouvert le feuau hasard contre les pécheurs et leurs maisons, les obligeant de rentrer au port et causant la panique parmi la population.
Pendant le meeting hebdomadaire, le cabinet israélien a décidé de reprendre la politique d'assassinat contre les activistes de la résistance palestinienne.

24-09

Dans la soirée, un responsable israélien a affirmé que "quiconque essayerait (penserait…) de tirer de la bande de Gaza vers Israël" serait une "cible légitime".

Ce responsable, qui s'exprimait sous le couvert de l'anonymat après une réunion du cabinet de sécurité présidée par Sharon, a cependant refusé de confirmer si Israël avait repris ses liquidations ciblées, officiellement suspendues en février après un sommet en Egypte.

(afp- 14h53)

Le Premier ministre israélien Ariel Sharon a affirmé dimanche qu'il n'imposerait "aucune limitation" à l'armée

25-05

L'aviation israélienne a poursuivi ses raids dans la bande de Gaza,

25-05

Selon les médias israéliens, M. Mofaz a préconisé l'établissement de "zones tampons de sécurité" à l'intérieur et à l'extérieur du nord de la bande de Gaza
Un proche conseiller de M. Sharon s'exprimant sous anonymat a confirmé cette mesure.

"A l'intérieur de ces zones, tout ce qui ressemble à un Qassam, à un tireur de Qassam ou à un producteur de Qassam sera ipso facto abattu", a-t-il dit.
25-05
"Si c'est nécessaire, nous créerons des quartiers fantômes (dans le nord de la bande de Gaza), même si cela suppose que des habitants (palestiniens) doivent quitter leurs demeures", a indiqué une source militaire au quotidien Haaretz.
25-09
La radio israélienne a fait état du déploiement d'une batterie d'artillerie au kibboutz Nahal Oz, proche de la bande de Gaza.

25-09

La radio israélienne, citant des sources militaires israéliennes, a rapporté que le cabinet avait décidé de ne lancer d’assaut terrestre sur la bande de Gaza, en dépit du grand nombre de forces amassé à la frontière est et nord.

26-05

Des hélicoptères israéliens ont tiré des roquettes durant la nuit de dimanche à lundi sur la ville de Gaza et sur Khan Younes, qui ont visé quatre installations utilisées par la résistance (suivant les israeliens)

26-05

A Khan Younes, un bâtiment appartenant à l'Autorité palestinienne a été touché par trois roquettes, a-t-on ajouté de mêmes sources sans donner d'autres précisions.

Réactions

24-09

L'Autorité Nationale Palestinienne a dénoncé l'escalade israélienne contre les citoyens palestiniens expliquant que telle escalade conduisait au sabotage du processus de paix ...

24-09

Le Comité Exécutif de l'OLP donne au gouvernement israélien la responsabilité de l'escalade dans la bande de Gaza et la Cisjordanie.Au cours d'une réunion dirigé par le président Mahmoud Abbas, le Comité Exécutif de a condamné l'assassinat israélien de trois citoyens dans la ville de Tulkarem vendredi, disant que cet acte est une violation sérieuse de la trêve, et qui conduirait à un détérioration de la situation sécuritaire.
Le Comité a lancé un appel au Quartet à intervenir immédiatement afin d'arrêter l'agression israélienne contre les palestiniens, de cesser la construction du mur de séparation et des activités coloniales , et d'arrêter les plans israéliens visant à isoler la ville de Jérusalem.

24-09
Le porte-parole du président, Nabil Abou Rudeina a affirmé que "Une reprise de la politique israélienne des assassinats ciblés par Israël est très dangereuse pour le processus de paix et pour toute la région". "Nous appelons les Etats-Unis à agir immédiatement et à faire une pression sur Israël pour qu'il cesse ses assassinats", a -t-il ajouté.   

24-09
"Il s'agit d'une escalade et d'une agression de la partie israélienne, qui vise à mettre un terme aux efforts de relance du processus de paix que nous attendions après le retrait (israélien) réussi de Gaza", a réagi Premier ministre Ahmed Qoreï.

24-09
Condamnant les raids israéliens,  Ahmed Qoreï a appelé la communauté internationale, notamment les Etats-Unis, à "intervenir pour arrêter l'escalade israélienne"
24-09
Le porte-parole du Hamas a affirmé que cette reprise des assassinats par Israël signifiait que l'occupation israélienne de la bande de Gaza se poursuit". Le mouvement a menacé à frapper "au coeur" d'Israël à la suite des raids israéliens.
24-09
"Il s'agit d'une dangereuse escalade de l'ennemi. Cette reprise des assassinats par Israël signifie que l'occupation israélienne de la bande de Gaza se poursuit", a déclaré pour sa part M. Masri

Réactions extérieure

24-09

La Ligue arabe et l'Egypte ont exprimé leur préoccupation à la suite des raids et le Haut représentant pour la politique extérieure de l'Union européenne Javier Solana a appelé Israël à la "modération"

24-09

Le secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan, s'est dit "effrayé" par la montée de la violence au Proche-Orient, a affirmé samedi son porte-parole. Cette montée de la violence "risque de conduire à l'impasse l'élan né dans la foulée du retrait israélien de la bande de Gaza et du nord de la Cisjordanie".

(ats / 25 septembre 2005 03:27)

25-09

Le nouvel ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Richard Jones, a affirmé de son côté que son pays "comprend" le besoin d'Israël de se défendre et reconnaît que les groupes palestiniens tentent de provoquer l'Etat hébreu.

25-09

La Suisse a exprimé sa "vive préoccupation" après cette escalade. Elle a notamment exigé que l'accès humanitaire soit garanti dans les territoires palestiniens.

(ats - 20:21)


Actions

24-09
Le Hamas a placé ses combattants en état d'alerte élevée dans la bande de Gaza ainsi qu'en Cisjordanie et les a appelés à lancer des opérations de représailles contre Israël.

"Tout est possible, y compris une attaque au coeur de l'entité sioniste, l'ennemi", a déclaré le porte-parole du Hamas, Moushir al-Masri.

(afp- 15h02)

 

b) dossier de Olivia Zemor : une offensive destinée à écraser la résistance palestinienne à l'occupation.

Confirmant les prédictions des analystes les plus lucides -mais interdits de parole- sur les véritables desseins de la direction israélienne dans l'opération de « désengagement » de Gaza, l'armée de l'Etat juif a repris au grand jour, depuis 48 heures, une offensive destinée à écraser la résistance palestinienne à l'occupation.

Les initiatives sanglantes suivantes se sont ainsi succédées depuis jeudi :

-         Jeudi : des militaires israéliens interviennent dans la région de Tulkarem (nord-ouest de la Cisjordanie) et assassinent trois membres de l'organisation Djihad Islamique ; il y a un mois déjà, l'armée israélienne avait froidement assassiné 5 jeunes (âgés de 16 à 18 ans pour quatre d'entre eux, et de 26 ans pour le cinquième) toujours à Tulkarem. De fait, l'armée israélienne, si elle a par moments atténué ses opérations depuis le début de l'année, n'a jamais respecté de cessez-le-feu au cours de cette période, contrairement aux différents groupes palestiniens, islamistes du Hamas et du Djihad Islamique compris. Sans parler, bien évidemment, de la poursuite effrénée de ses opérations non directement militaires, qu'il s'agisse des expropriations, de la construction du Mur, des check-points et bouclages redoublés, des assassinats de paysans palestiniens sans défense par les colons jouissant d'une totale impunité, des arrestations, etc, qui sont le socle de son entreprise de destruction de la Palestine.

-         Vendredi : en guise de représailles, aussi dérisoires militairement que condamnables moralement car elles visent des populations civiles, le Djihad Islamique de la bande de Gaza expédie des roquettes vers la localité israélienne de Sderot (à quelques kilomètres à l'est de la bande), qui font quelques blessés (un blessé modéré, cinq blessés légers). Il n'est pas inutile de rappeler que les habitants de Sderot sont majoritairement des immigrants pauvres (arrivés d'Ethiopie, notamment), que le gouvernement a délibérément assignés à habiter  en « première ligne », c'est-à-dire à portée de engins rudimentaires dont dispose la résistance palestinienne armée dans la bande de Gaza.

-         Vendredi toujours : une énorme explosion survient lors d'une « parade militaire » du Hamas à Djabalyah (nord de la bande de Gaza). Elle fait près de 20 morts (militants du Hamas, simples spectateurs) et 80 blessés parmi la foule de plusieurs milliers de participants. L'armée israélienne dément toute responsabilité, et dit qu'il s'agit d'une explosion accidentelle des roquettes brandies par le Hamas à l'occasion de la parade. Mahmoud Abbas, président de l'Autorité Palestinienne, propose la même version des faits, et affirme que le carnage est imputable à l'irresponsabilité du Hamas, lequel n'aurait jamais dû mettre des matières aussi volatiles que les roquettes au contact de populations civiles. Le Hamas déclare au contraire que l'explosion est due à des tirs de missiles tirés par des drones en coordination avec un hélicoptère israélien. Le Hamas ajoute que les roquettes montrées dans ses rassemblements publics sont factices (dépourvus de la moindre matière explosive), et il exhibe une puce électronique, retrouvée sur le corps de l'une des victimes, et qui aurait servi de balise pour le déclenchement des tirs israéliens sur la foule. Vrai ou faux ? Nous n'en savons évidemment rien, et on peut de toutes façons s'interroger sur le bien-fondé, pour la cause du peuple palestinien, de telles gesticulations militaires. Mais il est symptômatique que les médias occidentaux qui ont rendu compte du massacre -sans disposer, eux non plus, de correspondants témoins de l'événement-, aient très majoritairement omis de donner à leurs lecteurs la version du Hamas, à coté des versions avancées par Israël et Mahmoud Abbas.

-         Toujours est-il que l'armée israélienne trouve dans ces événements matière à poursuivre l'escalade, avec la reprise des assassinats ciblés par hélicoptère (contre des militants du Hamas), la multiplication des raids aériens dans la bande de Gaza depuis samedi, le recours spectaculaire à l'artillerie lourde contre le territoire de la bande (« dans un premier temps, uniquement pour tester les canons et ajuster leurs capacités », déclare cyniquement l'Etat-major), le tout accompagné d'une vaste opération de ratissage en Cisjordanie.

-         Dans la nuit de samedi à dimanche, pour mieux souligner aussi l'impuissance de « l'Autorité » palestinienne à protéger sa propre population, l'armée israélienne a procédé à des rafles massives en Cisjordanie, arrêtant 207 « suspects » membres et sympathisants réels ou supposés du Hamas et du Djihad Islamique. Figurent parmi ces derniers des responsables du Hamas qui ont jusqu'à présent fait plus que leur part du chemin en matière de modération.

C'est notamment le cas de Mohamed Ghazal, professeur d'ingéniérie à l'Université An-Najjah à Naplouse. Dans une interview à l'agence Reuters (non reprise par les grands médias abonnés à cette agence, malgré son caractère très intéressant), Mohamed Ghazal y déclare que la Charte du Hamas, texte datant de 1988 et qui réclame la création d'un Etat islamique sur toute la Palestine (entraînant, par conséquent, la disparition de l'Etat d'Israël) n'est « pas le Coran », et qu'elle est susceptible, elle aussi, d'être abrogée.

« Il est prématuré de parler de la reconnaissance d'Israël tant qu'Israël ne reconnaît pas les Palestiniens comme victimes », déclare ainsi Mohamed Ghazal. « Mais notre Charte n'est pas le Coran, et nous pourrions négocier avec Israël, à partir du moment où Israël se retire des territoires conquis en 1967, c'est-à-dire Jérusalem-Est et la Cisjordanie ». Cela permettrait, ajoute-t-il, la création d'un Etat palestinien et le droit au retour des Palestiniens réfugiés de 1948 ainsi que leurs descendants.

Le refus, dans la Charte du Hamas, de la reconnaissance de l'Etat d'Israël, est le dernier instrument sorti par la propagande israélienne pour exiger de l'Autorité Palestinienne qu'elle interdise au Hamas de participer aux élections législatives palestiniennes, annoncées pour janvier 2006. Rappelons, à ceux qui seraient tentés de prendre au sérieux la propagande du gouvernement israélien, que le Likoud, le parti d'Ariel Sharon, s'est toujours opposé, dans sa propre charte, à reconnaître le droit des Palestiniens à avoir leur propre Etat !

Le gouvernement français est parfaitement au courant du cours des événements, et de l'étranglement inexorable du peuple palestinien. En fermant les yeux, ou pire, comme il le fait, en saluant le « courage » des dirigeants israéliens, il est directement complice des crimes commis par ce dernier.
Olivia Zemor


c) R
olland Richa : "Première pluie"
L'armée d'occupation israélienne poursuit ses raids aériens dans la bande de Gaza et a arrêté en Cisjordanie plus de 200 membres présumés des mouvements de la Résisatnce armée tandis qu'Ariel Sharon annonçait que tous les moyens seraient mis en oeuvre pour "frapper les terroristes".
Cette répression alimente une flambée de violences sans précédent depuis le retrait de la bande de Gaza, achevé le 12 septembre après 38 années d'occupation.
"J'ai donné des ordres pour qu'il n'y ait aucune restriction quant à l'utilisation de tous les moyens possibles pour frapper les terroristes, les membres d'organisations terroristes et leurs infrastructures", a prévenu dimanche Ariel Sharon en conseil des ministres.
"Nous devons nous servir de toutes les armes à notre disposition pour stopper ce phénomène", a-t-il ajouté.
La veille, son cabinet restreint de sécurité avait décidé de renouer avec les "assassinats ciblés", suspendus depuis la fragile trêve conclue en février avec le président palestinien, Mahmoud Abbas, et Shaul Mofaz, annonçait une "riposte écrasante et sans équivoque".
Les territoires palestiniens sont également bouclés dans leur totalité depuis samedi matin.
Le Premier ministre palestinien, Ahmed Koreï, a accusé Israël de détruire les espoirs d'une relance du processus de paix nés du retrait de Gaza. "Nous ne pouvons que voir qu'Israël veut tuer toute tentative visant à raviver le processus de paix", a-t-il dit.
Exhortant les Etats-Unis à faire pression sur Israël, le principal négociateur palestinien, Saeb Erekat, a souligné lui que ces attaques et arrestations "conduisaient dans une seule direction, celle de l'effondrement du cessez-le-feu".
Aux premières heures de la journée, un hélicoptère de l'armée d'occupation a tiré deux missiles dans le nord de la bande de Gaza. Aucune victime n'a été signalée.
Un peu plus tôt, une école du Hamas à Gaza avait été la cible d'un autre raid aérien faisant cette fois une vingtaine de blessés, dont de nombreux enfants, selon des témoins et des responsables médicaux.
Parallèlement, les forces d'occupation ont arrêté en Cisjordanie plus de 200 Palestiniens soupçonnés d'appartenir à des mouvements de la Résistance armée. Au nombre des personnes interpellées se trouvent deux hauts responsables du Hamas, Hassan Youssef et Mohamed Ghazal.
La répression israélienne, surnommée opération "Première pluie" par les médias, fait suite au tir d'une quarantaine de roquettes artisanales qui se sont abattues vendredi sur le territoire israélien vendredi, blessant cinq civils à Sderot.
Le Hamas entendait venger la mort de quinze personnes tuées vendredi lors d'une parade militaire dans le camp de réfugiés de Djabalia, dans la bande de Gaza. Le Mouvement de la résistance islamique a imputé cette explosion à Israël.
"Les occupants paieront pour leurs crimes continus", a réagi un porte-parole du Mouvement, Sami Abou Zouhri.
Cette flambée de violences pourrait parallèlement avoir un impact sur la politique intérieure israélienne en donnant des arguments, au sein du Likoud, aux adversaires de Sharon qui l'accusent d'avoir trahi Israël en démantelant les colonies de Gaza.
Le comité central du Likoud se réunit ce dimanche pour examiner la proposition de Benjamin Netanyahu, rival de Sharon, sur la tenue de primaires anticipées pour la direction du parti.  ( Avec AFP, AP et Reuters )

 


7-2 Entretien avec Leila Shahid  "Les Israéliens ont atomisé le tissu social de Gaza"
Par Emilie Sueur,
Au lendemain de l’évacuation totale des colons de 25 colonies israéliennes, la Déléguée générale de Palestine en France, Leila Shahid, évoque, dans un entretien avec le journal libanais L’Orient-le Jour, l’après-retrait israélien.
Le plan de retrait unilatéral d’Ariel Sharon parachevé, Leila Shahid, déléguée générale de Palestine en France, revient sur la stratégie du Premier ministre israélien et tire la sonnette d’alarme quant à ses projets concernant la Cisjordanie. Au lendemain du retour à Paris du preneur de son français, retenu une semaine durant en otage à Gaza, elle revient également sur les causes du chaos sécuritaire qui sévit en ce moment dans ce territoire palestinien.
Alors que le monde salue le parachèvement du plan Sharon, dont Mme Shahid se félicite également, la responsable palestinienne tire néanmoins la sonnette d’alarme : « Le retrait de Gaza n’est qu’un écran de fumée pour cacher l’extension de la colonisation en Cisjordanie . »
Concernant le chaos sécuritaire qui règne actuellement dans la bande de Gaza, Mme Shahid en impute la responsabilité à l’État hébreu et à sa stratégie pernicieuse visant à « atomiser le tissu social » de cette bande de terre palestinienne.
Interview recueillie par Émilie SUEUR
Leila Shahid : "L’évacuation de Gaza est un écran de fumée. Une semaine...Tel aura été finalement le temps nécessaire aux soldats israéliens pour mettre fin à 38 ans d’occupation par les colons des terres palestiniennes de Gaza."
Quel bilan tirez-vous de cette opération ?
« Nous ne pouvons que nous féliciter des bonnes conditions du déroulement de ce plan qui s’est achevé plus rapidement que prévu. Ceci est le résultat d’un travail de coopération sécuritaire de fait entre l’armée israélienne et l’Autorité palestinienne, même si Ariel Sharon continue de qualifier son plan de “redéploiement unilatéral”. Nous avons en effet déployé plus de 7 500 policiers car nous pensions qu’il était très important, pour l’avenir, que ce retrait se fasse dans les meilleures conditions. »
Certains ont parlé d’une mise en scène du retrait israélien.
L S : « Je pense que le gouvernement israélien a un peu “gonflé”, avant la mise en œuvre du plan, la menace que posaient les colons. Mais, si leur réaction a été effectivement ferme et passionnée, les colons ont très bien compris qu’ils ne pouvaient résister à une décision entérinée par le gouvernement et par le Parlement. Ils ne souhaitaient pas, en outre, ternir un peu plus encore leur image au sein de la société israélienne.
Israël, de son côté, a également profité de l’occasion pour redorer son blason. Les méthodes employées étaient en effet très différentes de celles généralement mises en œuvre contre les Palestiniens, confrontés à des soldats armés de M16 et à des tanks venus raser leurs maisons.
Il n’en demeure pas moins que, pour les Palestiniens, ce retrait est très positif car c’est la première fois, en 38 ans, qu’Israël démantèle des colonies. Ce retrait, sa rapidité et les conditions dans lesquelles il s’est réalisé crée un précédent prouvant que si la volonté politique est là, les forces d’occupation israéliennes peuvent rapidement libérer un territoire. »
Comment, précisément, expliquez-vous que la volonté politique ait été à l’ordre du jour ?
L S : « Pour trois raisons. D’abord, Ariel Sharon a été contraint de reconnaître qu’il n’y avait pas moyen de gagner militairement contre les Palestiniens. Depuis le début de la deuxième intifada, nous avons subi une répression militaire inégalée en 57 ans de pouvoir israélien. Et pourtant, la résistance militaire et civile s’est poursuivie.
Ensuite, Ariel Sharon a compris qu’il ne pouvait rester dans cette situation de paralysie totale. Au sein de sa propre armée, qui devait mobiliser 1 500 soldats pour protéger les 8 000 colons de Gaza, a commencé à se faire sentir un véritable ras-le-bol incarné par le mouvement des “refuzniks”. Ensuite, le mouvement pour la paix en Israël a senti qu’il devait recommencer à s’exprimer. Les États-Unis se sont également rapprochés des Européens sur la nécessité de revenir à un processus de paix avec la promotion de la “Feuille de route” en 2003.
D’où l’élaboration de cette stratégie très intelligente, incarnée par les déclarations du conseiller d’Ariel Sharon, Dov Weissglass, au Haaretz : réagir avant que la pression internationale ne devienne trop forte. Pour ne pas être contraint de mettre en œuvre la “feuille de route”, Ariel Sharon a jeté à la communauté internationale un os à ronger : le plan unilatéral de retrait. De quoi plonger le processus de paix dans le formol et empêcher la création d’un État palestinien viable en annexant Jérusalem-Est et les blocs de colonies de Cisjordanie, comme l’a dit Weissglass. »
Précisément, Israël a ordonné hier la confiscation de nouvelles terres palestiniennes pour ériger une barrière autour de la plus grande colonie de Cisjordanie, Maalé Adoumim.
L S : « Le retrait de Gaza est clairement utilisé comme un écran de fumée pour cacher l’extension de la colonisation en Cisjordanie. Avec la poursuite de la construction du mur, qui annexe les trois blocs de colonies de Ariel, Maalé Adoumim et du Goush Etzion, la Cisjordanie va être transformée en trois bantoustans et Jérusalem sera annexée à Israël. Ceci est une négation totale de la “Feuille de route”. Une Feuille de route qui prévoit notamment le gel de la colonisation. Or une partie des colons de Gaza évacués la semaine dernière sont partis s’installer dans les colonies de Cisjordanie. Et on continue de parler de Sharon comme s’il était Charles de Gaulle ! C’est surréaliste ! »
En ce qui concerne Gaza, où en sont les négociations autour des frontières, de l’aéroport, du port... ?
L S : « Toutes les réunions depuis l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Abbas n’ont rien donné de sérieux sur le plan bilatéral.
Aujourd’hui, sur Gaza, nous n’avons aucune réponse à nos questions. Ni sur le passage entre l’Égypte et Rafah, ni sur celui d’Erez vers la Cisjordanie, alors que les accords d’Oslo prévoient un corridor, ni sur l’aéroport, dont la piste a été détruite, ni sur l’accès aux zones maritimes. Nous avons seulement repris les discussions sur le port. Mais tout le monde sait que la construction d’un port nécessite au moins cinq ans de travaux.
Or Gaza ne recèle aucune ressource naturelle. Le seul moyen de relancer l’économie est le commerce, ce qui nécessite une liberté de circulation des capitaux, des biens et des personnes. Les Israéliens et les Américains ont toujours reporté ces points de discussions à l’après-retrait. Aujourd’hui, il n’y a plus d’excuses. »
Quel est le rôle de la communauté internationale dans ce contexte ?
L S : « La situation actuelle n’est pas seulement la conséquence d’un échec des Israéliens et des Palestiniens. La responsabilité de la communauté internationale est également en cause. Or, les Européens considèrent toujours Israël comme l’État des survivants du génocide de la Seconde Guerre mondiale, et les États-Unis comme leur cinquante et unième État. Ça les paralyse.
Aujourd’hui, toutefois, je sens une prise de conscience au niveau international du fait que la crise mondiale actuelle qui mène à un tel radicalisme dans le monde arabo-musulman n’est pas étrangère à la colère des opinions publiques par rapport à la non-application du droit en Palestine. Aujourd’hui, la balle est dans le camp du Quartette. »
Côté palestinien, nous avons assisté à une série d’affrontements et d’enlèvements, notamment d’étrangers, dans la bande de Gaza. Comment expliquez-vous cette situation ?
L S : « La situation dans la bande de Gaza est effectivement très inquiétante. Elle résulte de quatre années d’une stratégie pernicieuse israélienne visant à atomiser la société palestinienne, à fragmenter le tissu social. Prétextant la nécessité d’empêcher la circulation de kamikazes, les autorités israéliennes ont érigé des barrages autour des villes, villages et camps de réfugiés. Si, avant 2001, nous pouvions organiser par exemple des réunions communes de toutes les branches du Fateh, ceci était devenu impossible ces dernières années. Résultat : la population s’est repliée sur le plus petit et le plus rétrograde dénominateur commun, à savoir la famille, le clan.
Dans une société arabe et majoritairement paysanne, ce phénomène a fait ressortir tous les démons archaïques du tribalisme et de la vendetta. Et ce d’autant plus que les infrastructures policières et sécuritaires ont été systématiquement cassées par les autorités israéliennes. Nous revenons donc à des pratiques qui avaient disparu de Palestine depuis 40 ans. Il n’est pas aisé de reconstruire une autorité réelle rapidement, mais nous sommes déterminés à le faire. »
Depuis plusieurs semaines, les visites de responsables palestiniens au Liban se multiplient. Quelle en est la raison ?
L S : « Au Liban, en raison de l’histoire de la guerre civile et de l’équilibre des communautés confessionnelles, la situation des réfugiés palestiniens est absolument tragique. Nous avons toutefois senti, depuis l’arrivée au pouvoir de Mahmoud Abbas, une volonté de la part des autorités libanaises d’améliorer la situation. Il ne faut en outre absolument pas avoir peur d’une installation des réfugiés. Nous ne renoncerons jamais au droit au retour et à la résolution 194. En attendant, nous devons bénéficier de droits civiques. Il faut également qu’un interlocuteur palestinien soit désigné au Liban. »
Ces visites ne sont-elles pas liées à la résolution 1559 qui prévoit le désarmement des groupes armés au Liban ?
L S : " La résolution 1559 n’est pas le centre de tout. Mais typiquement, c’est pour traiter de ce genre de sujets qu’il faut un représentant officiel palestinien."
 
Emilie Sueur - L’Orient le Jour Propos recueillis par Émilie SUEUR - édition 25 août 2005

7-3 Point de vue de Hanan Ashrawi : Israël est occupé à transformer Abbas en bouc émissaire,
comme il l’a fait pour Arafat
(11 avril 2005)
Ce texte est basé sur des remarques faites le 11 avril 2005 par le Docteur Hanan Ashrawi, membre élu du Conseil Législatif Palestinien et Secrétaire Général du Miftah.
Le monde politique palestinien évolue en ce moment vers la « politisation » des groupes islamiques tels le Hamas et le Jihad Islamique, dont l’impact aux élections législatives de juillet 2005 peut déjà être évalué. Cependant, si Israël persiste à chercher la paix en dictant aux Palestiniens une solution qui passe par l’expansion des colonies, l’étranglement de l’économie palestinienne et des actions unilatérales - plutôt que d’engager des négociations directes - il y aura alors, de façon certaine, une « islamisation » de la politique en Palestine, explique Hanan Ashrawi, une élue du Conseil Législatif Palestinien.
Parlant le 11 avril 2005 à l’occasion d’une réunion, Ashrawi a pressé les Etats-Unis de changer de politique vis-à-vis d’Israël. « L’attitude des Etast-unis, leur influence et leur crédibilité dans la région ont été déterminées par le comportement d’Israël sur le terrain », a fait savoir Ashrawi. « C’est l’intérêt des Etats-Unis d’avoir une paix viable dans la région ».
Ashrawi s’appuie sur le fait qu’une paix viable peut contrecarrer le fondamentalisme et la violence. Une solution au problème palestinien apporterait la stabilité dans la région et contrebalancerait les dégâts subis par l’image des Etats-Unis au Moyen-Orient.
« Les Palestiniens attendent du président américain qu’il développe une politique qui lui fasse dire qu’Israël est allé trop loin », ajoute Ashrawi. De plus, les Palestiniens attendent de l’administration américaine qu’elle s’engage et qu’elle mette un terme aux actions unilatérales d’Israël et crée une atmosphère propice à des négociations sérieuses.
C’est d’une telle approche de la part des Etats-Unis qu’a besoin le président Mahmoud Abbas de façon à relever les défis qui lui font face. Abbas a été élu sur la base de la non-violence et d’une issue négociée au conflit. Cependant, sa capacité à proposer une solution politique a été diminuée par le manque de disponibilité des Israéliens à travailler avec lui. « Abbas a besoin d’être renforcé aussi bien par les Israéliens que par un sérieux réengagement de l’administration des Etats-Unis », a déclaré Ashrawi. Au contraire, le gouvernement israélien est « occupé à transformer Abbas en bouc émissaire » comme il l’avait fait pour le dernier Président Palestinien, Yasser Arafat.
Ashrawi met en évidence que le premier ministre israélien, Ariel Sharon ,va utiliser son désengagement unilatéral de la bande de Gaza pour s’assurer un appui américain pour son plan d’expansion des colonies en Cisjordanie. Ashrawi souligne également que la décision israélienne d’étendre les colonies de Maal Adumin et d’implanter le plan E-1 vont lier les colonies à Jérusalem. S’il est mis en œuvre, E-1 va disséquer la Cisjordanie et complètement détruire toute chance de construire un Etat Palestinien viable.
Les Etats-Unis attendent des Palestiniens « qu’ils acceptent les changements démographiques sur le terrain » et plutôt que de se préoccuper des menaces sur le processus de paix, ils sont focalisés sur la construction de l’Etat. Les Etats-Unis, pour s’engager dans des négociations, attendent des Palestiniens qu’ils mettent en place un système parfait de bonne gouvernance. « Ceci est difficle sous occupation militaire et lorsque vous n’avez aucun choix politique possible », note Ashrawi.
Malgré les difficultés, la réforme est un point dominant dans l’agenda d’Abbas. La réforme, argumente Ashrawi, sera définie selon les besoins et les priorités des Palestiniens, et non pas par les pressions israéliennes et américaines. Elle ajoute que plusieurs cas ont été déférés devant le ministre de la Justice et que le mouvement vers la réforme est déterminé, en accord avec les règles légales.
La réforme dans l’appareil de sécurité s’est avérée difficile pour Abbas. Israël et les Etats-Unis veulent imposer leur définition de la réforme de la sécurité alors que les Palestiniens veulent un système judiciaire indépendant pour mener à bien ce processus. Abbas, d’un autre côté, doit composer avec des pouvoirs de base centralisés, c’est-à-dire des responsables de la sécurité avec leurs fidèles, et avec la jeune génération qui dispose de milices.
Ashrawi insiste sur l’importance de résoudre le problème de la réforme du système de sécurité d’une façon qui « garantisse la viabilité du système politique palestinien dans son intégralité ».
Un élément crucial du besoin de réforme est le Fatah, le parti politique d’Abbas. Selon Ashrawi, le Fatah a perdu beaucoup de son audience pour avoir soutenu un processus de paix qui a failli dans les années 90. De plus, en tant que Parti au pouvoir, le Fatah est à présent accusé de tous les maux qui frappent l’Autorité Palestinienne. Ceci est la cause du basculement du soutien populaire en faveur du Hamas ou d’autres groupes islamiques.
« Le Fatah a besoin de remettre rapidement de l’ordre dans sa maison s’il veut gagner en influence aux élections de juillet », dit Ashrawi. Elle relève que cela sera difficile, vu que le Fatah est englué dans sa crise interne à cause des luttes pour le pouvoir entre jeune et vieille gardes, faisant référence à la plus jeune génération qui a grandi sous l’occupation israélienne au contraire de ceux qui ont fait partie de l’OLP en exil ; cette jeune génération impose la mentalité née de l’occupation plutôt que celle de la construction d’un Etat.
Ashrawi prévient que s’il n’y a pas de développements positifs et que si Israël continue à se comporter comme un occupant, le Fatah et les réformateurs seront ébranlés. « La carte politique est en train de basculer. A moins qu’il n’y ait un sérieux changement et une contribution à la construction d’un Etat qui renforcent le camp des modérés, nous allons nous orienter vers l’islamisation de la politique palestinienne », prévient Ashrawi.
[traduit de l'anglais par Claude Zurbach]
- Pour plus d'informations : Jerusalem-based Palestinian Initiative for the Promotion of Global Dialogue & Democracy http://www.miftah.org.


7-4 Reportage de Shahar Ginossar :
On tire et on touche

 

« Je vais te casser ta caméra », a dit l’officier en menaçant ses soldats alarmés. « C’est la caméra de l’unité », a marmonné l’un d’eux. « Alors moi je suis la merde de cette unité », a dit le commandant, irrité. Passe encore qu’on critique l’opération militaire, mais en conserver un enregistrement vidéo ?

 

Cette échange nerveux avait lieu à mi-voix, étant donné que la caméra était placée dans le salon d’une famille palestinienne de Naplouse, dans une maison dont l’unité avait pris le contrôle durant l’opération « Eaux calmes ». Début 2004. Les soldats dont certains avaient déjà trouvé l’occasion de tuer des civils non armés au cours de l’opération, ont composé une chanson macabre. Avant l’arrivée du commandant, la caméra avait eu le temps de les enregistrer chantant d’une voix rauque : « Encore un pédiatre et encore un boulanger qui ont reçu une balle dans la figure, de l’unité de parachutistes. Toute la journée, nous ratissons des maisons et tuons des enfants ». L’un d’entre eux a expliqué par la suite : « Ça m’a beaucoup troublé, ce mépris de la vie humaine. Des commandants de bataillon, de compagnie et de brigade peuvent faire ce qui leur passe par la tête et personne pour les contrôler, c’est vraiment le Far West ».

 

A la fin du mois, s’achèvera la cinquième année de confrontations violentes dans les Territoires et l’armée de défense d’Israël ne croit plus dans l’idée de rédiger les instructions d’ouverture du feu. Il se peut que le meurtre de dizaines de civils innocents, le Far West comme disait le soldat, aurait été limité si des consignes de tir régulières avaient été transmises aux combattants. Si dans le passé, il y avait un carnet officiel de consignes d’ouverture du feu qui était remis à chaque soldat qui servait en Cisjordanie et dans la Bande de Gaza, il a été mis au rencard au moment où la deuxième Intifada a éclaté en 2000. Les instructions, les soldats les reçoivent oralement de leurs commandants sur le terrain, et elles varient d’un secteur à l’autre, d’une unité à l’autre, d’un commandant à l’autre. Cette zone grise permet de cligner des yeux et de détourner le regard, soit nonchalance soit mépris de la vie des Palestiniens.

 

Le dernier rappel a été donné il y a trois semaines dans le camp de réfugiés de Tulkarem. Cinq Palestiniens tués et un communiqué du porte-parole de l’armée israélienne disant sèchement : « Un commando de l’armée israélienne s’est heurté à un certain nombre d’hommes recherchés, armés et appartenant à la base du Jihad Islamique. » Le commandant de la brigade Nahal, le colonel Roni Numa, a expliqué : « Aucun des tués n’était un passant innocent. Des tirs ont commencé à être échangés entre nos forces et les terroristes, des cocktails Molotov et des charges explosives ont été lancés dans leur direction ». Après coup, il est apparu qu’aucun des Palestiniens n’était armé, qu’il n’était pas sûr qu’aucun d’eux fût recherché et dangereux et qu’il n’y avait, en tout cas, pas eu échange de tirs. Suite à l’agitation médiatique qui a entouré cette affaire, une enquête a été ouverte dans l’armée – ce qui constitue en soi une démarche inhabituelle.

 

Les conséquences meurtrières de cette politique trouble autour des tirs contre des civils sont parvenues à la Cour suprême qui a examiné une requête déposée par l’Association pour les Droits du Citoyen [ACRI - Association for Civil Rights in Israel]. L’armée israélienne elle-même ne conteste pas les chiffres dans leur dureté : au nombre des tués, on compte environ 70 femmes, 11 enfants de moins de trois ans, 90 enfants âgés de trois à douze ans et 304 enfants âgés entre 13 et 17 ans.

 

Far West

 

Quelles sont alors les consignes officielles d’ouverture du feu ? En décembre 2004, la députée Zehava Galon (Meretz) s’est adressée au Ministre de la Défense Shaul Mofaz, proposant de diffuser par écrit auprès des soldats les consignes d’ouverture du feu, comme cela se faisait dans le passé, afin de « garantir que ne se développe pas une loi orale ». Une réponse en provenance du secrétariat du haut commandement de l’armée est parvenue en début d’année : « En raison des changements pouvant être opérés du jour au lendemain dans les consignes d’ouverture du feu et en raison aussi des différences entre secteurs, il est apparu que porter les consignes à la connaissance des soldats par le biais d’un carnet comme dans le passé n’était pas efficace et pouvait même conduire à des erreurs. C’est pourquoi la diffusion des consignes se fait par l’intermédiaire des commandants ».

 

Cette explication se heurte à une réalité autre où beaucoup d’ « erreurs » ont lieu ainsi que commencent à le raconter maintenant des combattants d’unités d’élite. Les soldats qui ont été interviewés pour cet article soulignent que les consignes ont été reçues avec une certaine réflexion, pas dans un moment de pression, et qu’elles ont été transmises au niveau du combattant par voie orale uniquement. Parfois, dans leur cheminement vers le bas de la hiérarchie, elles prenaient une signification tranchante. « La raison pour laquelle l’armée israélienne refuse de diffuser les consignes par écrit est claire », estime Avihaï Sharon, 24 ans, qui était jusque tout récemment sergent dans le régiment Golani, « Personne ne peut se tenir ouvertement derrière certaines d’entre elles qui sont devenues la routine dans tous les secteurs. C’est dommage car, à en croire les déclarations, l’armée est intéressée par l’idée d’empêcher que des innocents soient touchés. La transparence pourrait réduire les dommages. Au moins ça clarifierait ce qui est interdit. Chez nous, dans Golani, personne ne savait, et quant à ce qui se pratiquait au niveau des tirs, parler de Far West est encore gentil ».

 

Les résultats des tirs ne sont pas parfaitement clairs pour l’armée. L’armée israélienne a déclaré dans sa réponse aux juges qu’ « en plus de ceux qui nous combattent, des civils innocents sont également touchés ». Combien d’innocents ? « Pour ce qui est des données chiffrées dont dispose l’armée israélienne, on ne peut garantir leur précision et leur fiabilité », est-il écrit dans la réponse de l’armée israélienne qui ne dément pas les chiffres d’un préjudice massif subi par des civils. Le procureur militaire en chef, le lieutenant-colonel Liron Liebman se dit convaincu qu’il s’agit seulement de cas exceptionnels. Mais les juges ont été d’un avis différent et ont ordonné à l’armée d’instaurer d’ici le mois prochain un dispositif qui fasse rapport sur les tirs ayant tué des civils. Ceci afin que le procureur militaire ne décide pas sur la seule base des enquêtes internes que l’armée lui transmet, de ce qu’il y a lieu d’investiguer.

 

Les récits qui suivent illustrent la situation nébuleuse dans laquelle se trouvent les soldats. Une partie des informations provient d’une source d’un collectif de soldats appelé « On brise le silence » (Shovrim Shtika – Breaking The Silence [*] ) et a été contrôlée par la rédaction de « 7 jours » en présence de témoins visuels, d’un porte-parole de l’armée et de l’organisation « B’Tselem ».

 

Tuer toute personne qui circule dans la rue

 

« Mon équipe a tué six personnes innocentes ou présumées innocentes », dit R, commandant d’une unité d’élite de parachutistes. « On en riait et on leur donnait des noms de code : le boulanger, la femme, l’enfant, le vieux, le tambour. Pour certains c’était par erreur, mais comme je vois la chose, ils ont simplement été exécutés sur ordres illégaux. »

 

« Il y avait beaucoup de nuits où nous recevions des ordres selon lesquels toute personne qu’on voyait dans la rue entre deux et quatre heures du matin, peu importe quoi, encourait la mort. C’étaient exactement les mots. Nous étions à Naplouse et nous avons commencé à progresser suivant la "procédure du ver", pour ne pas être exposés. Les maisons sont contiguës et elles ont un mur commun. On fait sauter un mur, on passe d’une maison à l’autre, on fait sauter un mur, on passe d’une maison à l’autre. Nous avons progressé lentement jusqu’à ce qu’à la fin nous nous soyons arrêtés en prenant ce qu’on appelle une "maison de contrôle". »

 

« Nous avons installé aux fenêtres des positions de tir et nous avons attendu. Un des tireurs d’élite a repéré un homme sur un toit. A deux maisons de nous, à une distance de sept mètres, à deux heures du matin, un homme non armé marchait sur le toit. J’ai vu de mes yeux que l’homme n’était pas armé. C’est aussi le rapport que nous avons fait par radio. Et le commandant de compagnie a dit : "Descendez-le". Comme ça, par radio, il a décidé ça. Vous pensez à ça, qu’aux Etats-Unis existe la peine de mort, qu’il y a mille recours, des condamnations et des juges. Ici, un homme de 26 ans, mon commandant de compagnie, a donné de loin l’ordre de tuer quelqu'un et le sniper a tiré et l’a tué. Le commandant de compagnie l’avait qualifié de "guetteur". Mais c’est quoi, un guetteur ? D’où sait-il ce qu’il est ? Il ne sait pas. »

 

« Le suivant, ç’a été le boulanger. Nous sommes entrés dans la vieille ville de Naplouse et les consignes d’ouverture du feu, comme d’habitude, étaient que toute personne circulant en rue encourait la mort. Le commandant de l’équipe a dit que ça venait du commandant de régiment. Le prétexte était évidemment qu’il y avait des informations de la Sécurité Générale [Shabak]. Vraiment. La Sécurité Générale sait si Ahmed le boulanger ou Salim le menuisier doivent se lever pour travailler ? Nous sommes entrés suivant la procédure " veuve de paille" – on entre dans une maison, on rassemble la famille dans une pièce et on installe des positions de tirs aux fenêtres. Le matin, nous faisons sortir des véhicules, comme appâts, dans l’espoir d’attirer les hommes armés et alors on leur tire dessus. L’idée est de descendre les hommes armés. »

 

« Cette nuit-là, nous avions pris une maison qui avait une excellente position et vers quatre heures du matin, le poste des tireurs d’élite a repéré un homme qui marchait en portant un sac. Moi, je l’ai vu dans la rue Jamia el-Kebir, portant un sac à la main. Je suis descendu pour faire rapport, et le tireur d’élite, mon copain, était de faction. J’ai fait rapport au commandant qui a fait rapport au commandant de compagnie. L’ordre a été : "Descendez-le". C’est comme ça qu’un homme est tombé, à 70 mètres de chez lui. »

 

Deux habitants furent témoins de la scène qui s’est déroulée sous la fenêtre de Assad Hanoun, une femme de 50 ans, vivant à Naplouse. « Le coup de feu m’a réveillée », a-t-elle expliqué, il y a quelques mois, aux gens de B’Tselem. « Après le coup de feu, j’ai entendu un cri dans la rue : "Frères, je suis blessé, hé, je suis blessé !" La voix venait de tout près et j’avais peur de regarder dehors. Après quelques minutes, j’ai ouvert la fenêtre. La rue était obscure et je n’ai pas vu le blessé mais j’ai vu le fils des voisins. Je lui ai demandé qui était blessé et il a répondu que c’était un jeune homme et qu’il était devant lui. Je suis descendue immédiatement pour essayer d’apporter de l’aide. Le blessé était assis par terre et portait un chapeau blanc ».

 

Un combattant de l’unité, qui observait depuis la maison d’en face, poursuit : « Tout de suite est arrivée une jeep du poste de commandement et le commandant de compagnie en est descendu, a fait une de ces barbares confirmations de la mort, à la grenade, et il a aussi criblé le corps de balles. C’est une bonne chose que le porte-parole de l’armée de défense d’Israël conteste qu’il existe pareille procédure. Puis ils sont allés vérifier ce qu’il avait dans son sac. Qu’est-ce que vous pensez qu’il y avait ? Des pitas. »

 

« J’ai vu approcher une jeep israélienne », raconte encore la voisine. « J’ai eu peur qu’ils ne tirent et je suis retournée dans la ruelle. La rue s’est trouvée éclairée par des projecteurs allumés par l’armée. Ensuite j’ai entendu 10-12 coups de feu en continu. Je n’ai pas vu qui tirait mais j’ai entendu crier le blessé. Après le dernier coup de feu, j’ai entendu le bruit d’une explosion et après, je n’ai plus rien entendu, ni coups de feu ni cris. Il était clair qu’il était mort car il ne donnait aucun signe de vie ». La voisine a identifié celui qui avait été tué comme étant Ala a-Din, qui travaillait à la boulangerie a-Silawi. « Dans le sac », corrige-t-elle, « il y avait des vêtements de travail. Pas des pitas ».

 

K, combattant dans les blindés, témoigne avoir reçu un ordre identique dans la Bande de Gaza. « Nous sommes sortis de la base en char suite à des tirs de mortiers sur les localités et nous avons suivi l’axe Tancher jusqu’à ce que nous arrivions à Deir al-Balah. Par radio, le commandant de bataillon a fait savoir les consignes d’ouverture du feu : toute personne que nous voyons dans la rue, nous tirons sur elle avec l’intention de tuer. Sans poser de questions. Je me souviens que quand nous sommes entrés, quelqu'un a couru, là, sans armes, et immédiatement nous avons tiré sur lui sans raison particulière jusqu’à ce qu’il soit clairement mort. C’est-à-dire qu’il est tombé dans les buissons et qu’ensuite nous avons vidé énormément de balles sur lui. Dans la compagnie, ça ne nous enthousiasmait pas de tuer mais on était content qu’il y ait de l’action. On ne pensait pas à des notions de juste ou pas juste. »

 

A, commandant d’une autre unité de parachutistes, a servi à Jénine et dit avoir reçu des ordres sous la forme de : « Quelqu'un d’innocent n’a aucune raison de circuler dans la rue pendant la nuit ». Pour lui, « Dans toute grande ville, il y a des gens qui vont dans les rues, même à trois heures du matin. Alors est-il juste de les tuer, de loin ? »

 

Réponse du procureur militaire, le lieutenant-colonel Liron Liebman : « Il y a des règles établies selon lesquelles on ne tire que sur des combattants. Ces mots apparaissent dans les règles et sont censés être transmis aux soldats par l’intermédiaire de leurs commandants. D’après le droit international, il est permis de tirer pour tuer pas seulement quand on vous tire dessus : il existe une notion appelée autodéfense préventive ».

 

Le tambour

 

A l’approche du lever du jour, une des nuits du mois de Ramadan, un habitant de Naplouse parcourait les rues avec un tambour pour réveiller les habitants avant le jeûne. « Personne ne nous avait dit que les matins de Ramadan, il y avait un usage comme celui-là », dit R. « Nous l’avons vu avec un objet en main et, comme dans la plupart des cas, une procédure importante d’arrestation rapide a été lancée. C’est-à-dire qu’on crie rapidement "halte ! halte !", conformément au protocole, puis tout de suite on tire en l’air et s’il ne s’arrête pas, on tire pour tuer. Il n’y a pas de tirs dans les jambes ».

 

Le tambour, terrifié, s’est mis à fuir et est entré dans une ruelle, rapporte R, et ils se sont lancés à sa poursuite jusqu’à ce que finalement ils le tuent dans une des ruelles. « Ils ont fait une confirmation de la mort selon les procédures qui leur sont connues : grenades puis une balle dans la tête. C’est seulement alors qu’il est apparu que ce qu’il portait était un tambour. Ce n’est qu’après coup, au cours de l’enquête, que nous avons appris que pendant le Ramadan, il était de coutume de réveiller ainsi les gens. Soit, nous autres, simples soldats, ne savions pas. Mais à la tête du régiment non plus, personne ne savait ? Il se pourrait bien qu’il faudrait être plus prudent et rendre plus modérées les consignes d’ouverture du feu. »

 

D’après le porte-parole de l’armée israélienne, le tambour s’appelait Jihad al-Natour et avait 24 ans. Un officier du bureau du procureur militaire a réagi en déclarant que la mort du « tambour » faisait l’objet d’une enquête et qu’ « une des leçons à retenir est qu’il est important d’être informé sur le Ramadan et les tambours ».

 

Le procureur militaire dit que c’était un accident. « Les soldats ont rencontré des gens qui portaient quelque chose qui leur a paru bizarre et ils ont eu peur d’être attaqués, ils ont fait une mise en garde et demandé de s’arrêter et les gens se sont mis à fuir. Il apparaît qu’un  autre groupe de soldats avait été positionné par erreur en face du premier groupe. Cela aurait pu se terminer aussi par la mort d’un soldat. Des erreurs sont susceptibles de se produire en cours d’opération. Mais nous avons fait un examen sérieux. Nous n’avons pas dit, bien, soit, un Palestinien a été tué. » Des poursuites judiciaires ? Elles n’ont pas lieu d’être, selon Liebman, « parce que les soldats ont agi subjectivement en se croyant attaqués. Nous n’avons pas entendu parler de confirmation de la mort. J’entends parler de cette allégation pour la première fois et je ne pourrai pas la commenter ».

 

Tir à balles réelles dans les genoux d’un enfant

 

L’unité de M, un combattant du régiment Givati, a été mise en position près de la colonie de Ganei-Tal : « On appelle ça "facile" quand on tire à balles réelles dans les genoux d’un enfant. Une longue ligne sépare les localités juives de Khan Younes et en certains endroits, il n’y a pas de clôture. Face à Ganei-Tal il y avait une dune qui constituait un angle mort pour nos possibilités de surveillance. Pour qu’il n’y ait pas d’infiltrations dans les localités, nous avons instauré une situation dans laquelle les Palestiniens savent exactement jusqu’où il leur est permis de sortir de la limite du quartier. »

 

« Le sommet de la dune était un dépôt d’immondices près duquel des enfants jouaient chaque jour. Quand le ballon tombe, nous opérons un tir de dissuasion pour les éloigner, d’abord en l’air puis à maximum 50 mètres d’eux pour qu’ils filent. C’est la procédure. Pendant une longue période, ça a été comme le chat et la souris, et ça a duré très longtemps jusqu’à ce qu’un jour, le commandant en second de ma compagnie a décrété que ça suffisait. Que ce n’était pas efficace, que les enfants jouaient trop à cet endroit. Il nous a dit : "La prochaine fois, appelez-moi". Il est venu et il a tiré à balle réelle, avec un fusil M-16 amélioré, à lunette télescopique, dans la jambe d’un des enfants. Un enfant qui n’avait à l’évidence rien sur lui et qui n’était pas même suspecté d’avoir quelque chose, en dehors du fait d’avoir franchi une ligne imaginaire. Tirer sur un enfant de neuf ou dix ans qui joue au football et poursuit innocemment son ballon et le rendre invalide pour le restant de ses jours, c’est plus que problématique à mes yeux. Les enfants ont fui tant qu’ils en ont eu le souffle et des adultes sont arrivés pour évacuer l’enfant qui était étendu. Ils ont compris le message agressif. Au moins pendant quelques jours, les enfants ont eu peur de franchir la ligne ».

 

R, celui qui appartient aux parachutistes et qui a parlé déjà du « guetteur » et du « boulanger », raconte – cette fois, sur base de ce qu’il a entendu sur le réseau radio – ce qui est arrivé à « l’enfant ». Ça s’est passé quand le commandant du régiment, à Naplouse, a été remplacé et qu’ « il y a eu une opération que nous avons appelée, pour rire, "le spectacle d’horreur du commandant du régiment". Dans la dernière phase, des barrages étaient installés sur les routes, des barrages en plastique qu’on appelle "New Jerseys" et qu’en permanence les enfants, ceux qui lancent des pierres, viennent déplacer. C’était le bordel complet, alors le commandant de bataillon a donné un ordre à tout le monde, par radio : celui qui touche à un "New Jersey", on lui tire dans les jambes. A balles réelles. »

 

« Nous étions dans mon Abir [véhicule militaire] et nous avons dit, directement : "Il est complètement sonné ou quoi ? Celui qui touche au barrage, on lui tire dans les jambes ? Pour sûr, c’est juste pour remuer de l’air". Mais non. Ce commandant de bataillon était réellement un bon gars. Donner personnellement l’exemple était pour lui très important. Au barrage, où je n’étais pas personnellement mais où il y avait des amis à moi, le bonhomme a vu un enfant et il l’a visé à la jambe. Mais vous savez comment c’est avec les hauts gradés : ils ont tellement de réunions qu’ils n’ont pas le temps de faire la mise au point de leur arme. Il a raté la jambe et a atteint l’enfant à la poitrine. Je n’étais pas là mais quand on est rentré d’opération à la base, tout le monde en parlait. Tous disaient que le commandant de bataillon avait touché un enfant et ils disaient qu’il était comme un "assassin d’enfants". Est-ce que l’enfant est mort ? Je ne présumerai pas que quelqu'un soit allé contrôler son pouls, mais très peu d’enfants survivent à une balle dans la poitrine ».

 

Au sein de l’unité, on donne une explication confuse. « Le commandant de bataillon n’a pas raté son coup mais a tiré avec l’intention de tuer », a dit avec assurance un des officiers, « Nous lui avons parlé et il a personnellement mené son enquête. Son arme était parfaitement réglée et tout a été fait avec l’intention de tuer. Il s’agissait d’un activiste du Fatah, Hani Qandoul, 17 ans. Il fomentait des troubles graves qui mettaient les soldats en danger. C’est pourquoi il a été abattu. Les ordres permettent d’abattre un chef provocateur ».

 

Sauf que la carte d’identité de Qandoul révèle qu’il n’avait que 13 ans et demi à sa mort. C’est ça le dangereux activiste sur lequel le commandant de bataillon a tiré avec l’intention de tuer ? Il s’avère que Hani Qandoul a été tué à un autre moment. Un témoin oculaire l’a raconté à un enquêteur de B’Tselem, peu de temps après l’événement : « Hani qui avait 13 ans se tenait à 20 mètres de nous avec son frère de 7 ans. Tout à coup, j’ai entendu tirer (…) J’ai vu Hani tomber par terre ».

 

Mais alors, si le commandant de bataillon a tué Qandoul en mai 2004, qu’en est-il de « l’enfant » dont parle le soldat R ? « Nous ne savons rien au sujet d’un tel tir ou d’un enfant tué », dit-on du côté de l’unité. « S’il y avait un ordre de tirer dans les jambes, il découlait d’une information des services de renseignement sur des intentions de mettre nos soldats en danger ». L’opération « Eaux calmes » s’est conclue par la mort de cinq mineurs d’âge.

 

Réponse du procureur militaire : « Dommage que le soldat vous ait raconté cela. S’il nous avait fait rapport, il aurait été possible d’en traiter avec plus de précision. Je n’ai entendu parler d’aucun "facile" [voir plus haut] spécifique. »

 

Toute personne qui se trouve sur un toit

 

A, un officier de l’unité Shaldag [martin-pêcheur], avait été posté dans la zone de Rafah lors de l’opération « Arc-en-ciel dans les nuages » en mai de l’an passé, et « depuis mon poste, j’avais un accès direct au commandant de régiment, sans intermédiaire. J’étais dans le 2e groupe de commandement de Pinky (Pinhas Zwartz, qui était alors le commandant du régiment sud – Sh. G.). Au début de l’opération, je commandais une équipe et un ami à moi commandait une autre équipe, la mission étant de placer des "veuves de paille" [voir plus haut] et des tireurs d’élite aux étages supérieurs des maisons ».

 

« Quand nous sommes entrés, nous avons vu qu’il n’y avait vraiment aucun risque. C’est une zone bâtie mais pas densément, avec des serres. En face, il y avait nos chars et des bulldozers D-9 qui détruisaient des maisons et des serres. Nous nous sommes trouvés là plus de 24 heures et nous n’avons pas vu d’hommes armés et nous n’avons pas tiré et tout le monde s’ennuyait plutôt, si on peut le dire comme ça. Mais on nous demandait en permanence par radio, environ toutes les une ou deux heures, depuis le poste de commandement : "Pourquoi vous ne tirez pas ?". Mais notre impression de danger était très basse. Personne ne tirait sur nous. Nous n’étions pas dans un état de nervosité. »

 

« Les consignes d’ouverture du feu étaient plutôt claires : tout Palestinien se trouvant sur un toit est un guetteur présumé et les tireurs d’élite lui tirent dessus séance tenante. Et tout civil se trouvant dans la rue, penché vers le sol, est suspecté d’être occupé à déposer des charges explosives et on lui tire dessus. A un moment donné, nous avons vu quelqu'un qui se tenait sur un toit. Il était là comme ça, sans jumelles. Il n’y avait aucune raison de supposer qu’il faisait le guet plutôt que de penser qu’il était simplement allé prendre l’air. J’avais pouvoir d’autoriser de tirer mais nous hésitions. J’ai été d’accord de donner l’autorisation. Aujourd’hui encore je me demande pourquoi. »

 

« La procédure est que les trois tireurs d’élite tirent en même temps. Il a reçu deux balles dans la poitrine et est mort sur le coup. Ensuite nous avons entendu des ambulances. La main sur le cœur, j’avais le sentiment que ce n’était pas OK, mais les copains ont fait pression et j’ai cédé. Il y avait trois tireurs d’élite qui avaient passé vraiment beaucoup de temps à s’entraîner et qui voulaient laisser s’exprimer leurs talents. A la fin de la journée, un officier du département des opérations du régiment a fait une enquête à la hâte, deux minutes environ. La question de savoir si le tir était le moins du monde justifié n’a pas été soulevée. Après ça, moi-même et quatre autres officiers qui avaient vu des cas semblables, nous étions tellement surpris que nous avons décidé d’écrire une lettre à notre commandant de corps, avec copie au chef d’état-major, pour dire ce qui se passait vraiment ». Au terme de l’opération « Arc-en-ciel dans les nuages », un porte-parole de l’armée israélienne a fait savoir que des dizaines d’hommes armés avaient été tués ainsi que 14 civils.

 

Au commandement sud, on sait que la consigne d’ouvrir le feu sur toute personne se trouvant sur un toit n’est pas légale. La question avait été clarifiée six mois plus tôt, quand un soldat dans les parachutistes avait refusé un ordre semblable. « J’ai servi à Netzarim où il y a des dizaines de postes de gardes », raconte Zafrir Goldberg. « Au cours du briefing, ils ont expliqué les consignes d’ouverture du feu et j’ai été consterné. J’ai discuté avec le commandant de compagnie et il m’a dit qu’il était désolé mais que c’étaient les ordres. J’ai discuté également avec l’officier des renseignements et avec le commandant de bataillon en second. L’Association pour les Droits du Citoyen [ACRI] s’est adressée à l’avocat militaire général en protestant contre "un ordre clairement illégal". Début janvier 2004, l’avocat militaire général a répondu : "Nous avons donné instructions aux éléments de commandement de s’assurer que les consignes données aux soldats n’incluent pas un tel ordre ».

 

Réponse du procureur militaire : « Le droit international permet d’attaquer tout combattant y compris celui qui fait le guet et guide les autres. La question est de savoir comment déterminer que quelqu'un est un guetteur et pas quelqu'un simplement monté pendre du linge. Je ne connais pas les cas spécifiques mais théoriquement, il se peut que le soldat qui tire ne voie pas tout le tableau. La nécessité d’une autorisation venant de la hiérarchie enseigne une certaine prudence. Un soldat qui repère un terroriste armé tire sans cette autorisation ».

 

On n’identifie pas. On tire.

 

L’unité de K, combattant dans le régiment de Nahal orthodoxe, avait été placée au-dessus de Ramallah pour dominer le quartier d’al-Bireh. Il raconte : « notre position était relativement calme, avec de temps à autres des tirs de kalachnikov dans notre direction. C’étaient des tirs inefficaces à cause de la distance et parce que ceux qui nous tiraient dessus étaient en bas. Mais il était clair que d’après les ordres, nous ne devons pas rester inactifs et que nous sommes censés riposter aux tirs et "retourner les tirs vers la source des tirs". Le problème est qu’il n’y a pas moyen d’identifier la source des tirs et pratiquement, nous répliquions par un tir "général" en direction des maisons. »

 

« Au début, chaque fois qu’il y avait des tirs en direction de nos positions, nous entamions immédiatement la procédure de tirs de riposte : nous tirions comme des fous en direction du quartier. On leur déversait une pluie de balles de MAG [mitrailleuse, produite par la FN - NdT] et des milliers de balles de M-16 sans avoir identifié la source des tirs. Il était clair à mes yeux que ce n’était pas rationnel. Je suis allé chez le commandant de compagnie et je lui ai dit que c’était de l’argent jeté. N’est-ce pas dommage ? Je ne lui ai pas expliqué que des gens habitaient là, et des enfants, parce que n’importe qui comprend ça. Je lui ai seulement dit que ça faisait des sommes folles. J’ai proposé qu’ils fassent venir des tireurs d’élite qui essaieraient de les descendre un par un. »

 

« Les premières maisons étaient à environ 600 mètres de nous. Le foyer des tirs était encore au-delà, à 900 mètres de nous. Il n’y avait aucun risque qu’ils nous atteignent avec une kalachnikov et évidemment aucun espoir de les atteindre en retour. Un mois et demi plus tard, les choses ont changé : quand ils ne nous tiraient pas dessus, on s’ennuyait. Alors les soldats ont décidé de ne pas attendre que les autres commencent. Ils ont dit quelque chose du genre : aujourd’hui, c’est à nous de commencer et nous tirerons les premiers. »

 

« Nous appelions ça "initier". C’était une espèce de routine que toute la compagnie connaissait et qui s’est produite des dizaines de fois. Tout le monde connaissait le mot "initier" et sa signification : simplement commencer à arroser librement en direction de al-Bireh. On se contentait de tirer et, si possible, dans la direction des fenêtres quand elles étaient ouvertes. Il était clair que si quelqu'un devait venir se plaindre, nous dirions que les Palestiniens avaient tiré les premiers. On vidait chaque jour plusieurs "bruces" (caisses à munitions, en bois – Sh. G.) de munitions. Il est arrivé que je voie entrer des ambulances mais je ne savais pas ce qui était arrivé. Une fois au moins, je sais que nous avons blessé une fillette parce que j’ai vu une ambulance et que le lendemain, il y avait une information dans le journal qui disait que l’armée israélienne avait répliqué à des tirs en direction de leur source à al-Bireh et qu’il y avait une enfant dont nous avions arraché la jambe. »

 

« Le staff était au courant de tout et nous a laissé entendre qu’il n’y avait aucun problème. Par exemple, quand il était nécessaire de faire le réglage de l’arme, le commandant de compagnie nous encourageait à viser les lampes fluorescentes de la mosquée. Je suis sûr que le commandant de régiment était au courant parce qu’une fois au moins, rapport lui en a été fait, quand un officier d’une autre unité a visité la position et lui a fait rapport. Il a entendu tirer et il a demandé au soldat ce qu’il faisait. Le soldat lui a dit qu’on lui avait tiré dessus et l’officier a répondu : "Un instant ! J’ai entendu, ne mentez pas". Il a fait rapport au commandant de régiment et ils ont parlé de ça pendant plusieurs jours mais il ne s’est rien passé. Pendant toute cette période, nous étions en contact avec les gens de la colonie de Pisgot que nous protégions et, après une semaine, ils nous ont dit que l’affaire était jugée, qu’un officier comme lui ne ferait bientôt plus partie du régiment ».

 

Le porte-parole de l’armée israélienne, dans une première réponse : « Les commandants de l’unité ont été remplacés et ont pris leur retraite et il est difficile d’obtenir un commentaire de leur part ». Le porte-parole de l’armée israélienne, dans une deuxième réponse : « Aux dires des commandants, ils n’étaient pas sur place à ce moment-là ». Le lieutenant-colonel Liebman : « Il n’existe pas de règles d’ouverture du feu "simplement pour tirer". Il y a une directive qui a pour objet le tir en direction d’une source de tirs non identifiée et cette directive est subordonnée à la règle de base qu’on ne tire pas en direction d’un lieu où on met en danger une population civile. Cette directive est censée être communiquée aux soldats lors des briefings et avant chaque action, et elle établit clairement ce qui est interdit ».

 

M, du régiment Givati, parle des mêmes procédures non écrites, quand il a été en service dans un poste en face de Rafah, en mai 2004. A l’extrémité du quartier, il y avait une maison abandonnée depuis laquelle des hommes armés tiraient régulièrement et les soldats ripostaient par des tirs, entre autres avec un lance-grenades de 40 mm. « Le problème est que pour bien viser avec un lance-grenade, c’est comme quand jadis, dans les blindés, on tirait des obus. D’abord on manque la cible, on repère le point d’impact et à partir de là on corrige et on améliore. Un écart de cent mètres, ce sont quelques millimètres dont il faut bouger le lance-grenades. Quand on tire un coup, cela fait environ 20 grenades. Chaque fois qu’on tire à droite d’un bâtiment, on touche le quartier. C’est comme ça aussi qu’on règle le lance-grenade. Il est clair qu’on ne peut pas toucher au but immédiatement et évidemment, des grenades tombaient au cœur du quartier. Je me souviens de cas où nous avons repéré des ambulances après nos tirs. Pourquoi sont-elles venues ? Je ne crois pas que quelqu'un dans le quartier ait justement eu une crise cardiaque. Il est raisonnable de penser que simplement nous avions touché des gens. Ce tir s’est fait régulièrement et avait reçu toutes les autorisations d’en haut, au moins au niveau du commandant de division ».

 

Des tirs sur la population, il y en a eu également à Naplouse comme le racontent des soldats d’une unité de parachutistes. R se rappelle d’une jeune femme de 24 ans qui a reçu une balle dans le cou à cause de ce qu’il appelle « un tir irresponsable » de lui et de ses amis en direction de maisons. Il se rappelle aussi d’un vieil homme qui a pris une balle dans le ventre, balle qu’apparemment R lui-même avait tirée dans des circonstances semblables. Lui aussi décrit une réalité où l’on croit dans la phrase « il faut riposter en direction de l’origine des tirs » même quand personne ne l’a identifiée. « En pratique, tout le monde tire librement sur 360 degrés, dans les réservoirs d’eau sur les toits et sur toute personne qu’on repère aux fenêtres ».

 

« Dire que nous étions sous pression, c’est stupide », répond R à la question qui s’impose. « Selon moi, la plupart du temps quand mes amis et moi nous tirions, ce n’était pas par nervosité ou par peur, mais par désir de mettre un X sur son arme. Tous ceux qui ont été soldats dans une unité de combat savent à quel point ils ont envie de ce X sur leur arme. Sans cela, tu n’es pas un homme. Il y a dans mon équipe un gars avec cinq X et il ne s’en soucie pas. On vous dit : "Ecoute, ils ne sont pas innocents. Qu’est-ce qu’elle faisait à sa fenêtre ?" ou "Un regrettable accident". Pour moi c’est simplement le résultat d’un tir irresponsable. Une mort superflue et stupide. »

 

Le procureur militaire en chef : « Venez témoigner ».

 

« Les allégations de tirs à l’étourdie ou illégaux ne sont pas justes », dit le procureur militaire en chef, le lieutenant-colonel Liron Liebman. « Il s’agit uniquement d’incidents exceptionnels, à un échelon local. Cela a été, en réalité, un dilemme de savoir s’il fallait distribuer les consignes par écrit. Mais la réalité ne ressemble pas à celle du passé. Précisément parce que nous avons étendu la gamme des instruments mis à la disposition des commandants, nous ne voulions pas qu’un soldat reçoive un document dont il pourrait conclure que nous lui permettons tout ce qui est permis à des commandants. Nous voulions qu’il entende de la bouche du commandant exactement ce qui lui est permis. Parole et débat à voix haute s’assimilent et entrent plus profondément qu’un bout de papier. Si nous faisions passer un bout de papier, on pourrait prétendre que c’est pour couvrir nos arrières. Les consignes ne sont effectivement pas transmises par le biais d’un livret, mais elles sont communiquées aux soldats lors des briefings avant toute opération. En outre, sont distribuées par écrit les règles de conduite dans les territoires, d’où il ressort évidemment qu’il est interdit de porter atteinte aux civils. Nous agissons en conformité avec le droit international et aussi avec les pratiques d’autres états en semblables situations de conflit. »

 

« Vous me demandez comment, alors qu’il y a des règles, des gens s’en écartent ? En fait vous me demandez pourquoi j’aurai toujours du travail comme procureur. Parce que les gens sont les gens. Il y a 139 enquêtes pour des incidents de tirs, y compris quelques  condamnations. Une question plus pertinente est de se demander si cela atteint des proportions déraisonnables et là vous avancez sur un terrain moins ferme. Ils sont des milliers à servir dans les territoires, avec une grande intensité d’actions contre le terrorisme, des tirs sur des soldats, sur des civils qui se déplacent dans les territoires, des terroristes-suicide avec des ceintures d’explosifs qui se font sauter aux barrages et en d’autres endroits. Chaque innocent, c’est tout un monde précieux mais si vous vérifiez combien ont été blessés, examinez si les exceptions sont tellement déraisonnables. Moi, d’où je suis, je ne le pense pas. Il y a des écarts et notre rôle est de les repérer, de les traiter, mais je pense que le soldat normal et le commandant normal ont la tête sur les épaules, ils ont les idées à l’endroit, ils ont une conscience et ils opèrent selon les règles. »

 

« Il est important que des soldats viennent chez nous avec des témoignages sur des actes apparemment criminels. J’y vois un rapport important qui fera l’objet d’une investigation. Il est important pour nous de ne pas être déconnectés, occupés à dire que tout est en ordre. Nous sommes en contact quotidien avec des organisations des droits de l’homme. Chaque incident est examiné avec les commandants présents sur le terrain qui vérifient s’il y avait sur place des forces de l’armée et comment elles ont agi. Il y a des cas où l’armée israélienne n’était absolument pas dans le secteur et au cours des enquêtes, il y a parfois des réponses qui expliquent pourquoi, si désolant que ce soit, il était impossible d’éviter de toucher des personnes innocentes. Et parfois il y a aussi des comparutions devant un tribunal. »

 

« La procédure judiciaire est très difficile dans ces investigations. Il y a à juger de tous les détails, avec tous les droits de l’accusé, avec les règles de l’exercice de la preuve, et ce n’est pas simple. Nous demandons la collaboration des Palestiniens et nous y sommes parfois arrivés. Il y a des cas où les tués ou les blessés arrivent dans un hôpital israélien et alors les poursuites ont plus de chances ».

 

Shahar Ginossar
Supplément « 7 jours » du Yediot Aharonot du 16 septembre 2005

[Source : www.kibush.co.il/show_file.asp?num=8527

Traduction anglaise disponible sur : www.kibush.co.il/show_file.asp?num=8595]

[Traduction de l'hébreu : Michel Ghys]

 


 

[*] Site Internet, en anglais : www.breakingthesilence.org.il/index_en.asp (NdT)


8 Annexes

8-1 Analyse de l'Associated Pres : Mahmoud Abbas se retrouve au coeur du chaos laissé par les israeliens

Devant lui, la tâche s'annonce immense: développer l’économie, remettre en place l’administration, restaurer la sécurité, sauver son gouvernement confronté à une motion de censure

Face à ces défis, Mahmoud Abbas, plus couramment appelé par son pseudonyme Abou Mazen par ses compatriotes, a besoin de temps, soulignent ses défenseurs.

Mais contrairement au chef historique de l'OLP, Yasser Arafat, Abou Mazen n'a pas encore réussi à établir un lien de confiance avec son peuple.

L'isolement demeure le principal problème de cet homme qui ne se déplace qu'en voiture et entouré de dizaines de gardes du corps.

Depuis le retrait israélien, il n'a pas assisté aux célébrations publiques à travers le territoire et ne s'est adressé qu'une fois à la population, lors d'un discours télévisé.

Les critiques fusent également au Conseil national, le Parlement, où même les députés de sa formation, le Fatah, ne sont pas tendres avec leur chef. "Il n'y a aucune présence réelle de l'Autorité palestinienne à Gaza", lance le député du Fatah, Nabil Amr. "Notre projet national est en danger", renchérit son collègue, Ghassan Chakaa.

Alors que le gouvernement palestinien fera face à une motion de censure au Parlement la semaine prochaine, certains responsables qualifient ces attaques d'injustes, estimant qu'il est irréaliste de croire que la Bande de Gaza puisse sortir du chaos en quelques jours

Selon ses proches, Abou Mazen a mis en place un plan détaillé pour restaurer l'ordre dans la Bande de Gaza, à commencer par la frontière avec l'Egypte. Israël ne lui facilite pas la tâche :  pas de permission de liberté de déplacement, et  refus de voir le Hamas participer aux législatives,

AP


 

2. Discours de Nurit Peled-Elhanan à la Journée Internationale des Femmes au Parlement
Européen de Strasbourg (8 mars 2005)
"Merci de m'avoir invitée à cette journée. C'est toujours un honneur et un plaisir d'être ici, parmi vous. Cependant, je dois admettre que je crois que vous devriez avoir invité une femme palestinienne à ma place, parce que les femmes qui souffrent le plus de la violence dans mon pays sont les femmes palestiniennes. Et je voudrais dédier mon discours à Miriam R'aban et à son mari Kamal, de Bet Lahiya dans la bande de Gaza, dont les cinq petits enfants ont été tués par des soldats israéliens alors qu'ils ramassaient des fraises dans le champ de fraises de la famille. Personne ne passera jamais en jugement pour ce meurtre.
Lorsque j'ai demandé aux gens qui m'ont invitée ici pourquoi ils n'invitaient pas de femme palestinienne, leur réponse a été que cela rendrait la discussion "trop localisée".
Je ne sais pas ce qu'est la violence non localisée. Le racisme et la discrimination peuvent être des concepts théoriques et des phénomènes universels, mais leur impact est toujours local, et bien réel. La douleur est locale, l'humiliation, les abus sexuels, la torture et la mort sont tous très locaux, de même que les cicatrices.
Il est malheureusement vrai que la violence locale infligée aux femmes palestiniennes par le gouvernement d'Israël et l'armée israélienne s'est étendue sur toute la planète. En fait la violence d'Etat et la violence de l'armée, la violence individuelle et collective, sont le lot des femmes musulmanes aujourd'hui, pas seulement en Palestine mais partout où le monde occidental éclairé pose son grand pied impérialiste. C'est une violence qui n'est presque jamais abordée et que la plupart des gens en Europe et aux Etats-Unis excusent du bout des lèvres.
C'est ainsi parce que le soi-disant monde libre a peur de l'utérus musulman.
La grande France de la liberté l'égalité et la fraternité [en Français dans le texte] est effrayée par des petites filles avec des foulards sur la tête, le Grand Israël juif a peur de l'utérus musulman que ses ministres qualifient de menace démographique. L'Amérique toute-puissante et la Grande-Bretagne contaminent leurs citoyens respectifs avec une crainte aveugle des Musulmans, qui sont dépeints comme vils, primitifs et assoiffés de sang - en plus d'être non démocratiques, chauvins/ machistes et des producteurs en masse de futurs terroristes. Cela en dépit du fait que les gens qui détruisent le monde aujourd'hui ne sont pas musulmans. L'un d'entre eux est un Chrétien dévot, l'un est Anglican et l'autre est un Juif non pieux.
Je n'ai jamais vécu la souffrance que les femmes palestiniennes subissent tous les jours, toutes les heures, je ne connais pas le genre de violence qui fait de la vie d'une femme un enfer constant. Cette torture physique et mentale quotidienne des femmes qui sont privées de leurs droits humains fondamentaux et de leurs besoins fondamentaux d'une vie privée et de dignité, des femmes dont on entre par effraction dans la maison à toute heure du jour et de la nuit, à qui on ordonne sous la menace d'une arme de se mettre nue en se déshabillant devant des étrangers et devant leurs propres enfants, dont les
maisons sont détruites, qui sont privées de leurs moyens d'existence et de toute vie de famille normale. Ceci ne fait pas partie de mon épreuve personnelle. Mais je suis une victime de la violence contre les femmes dans la mesure où la violence contre les enfants est en fait une violence contre les femmes. Les femmes palestiniennes, irakiennes, afghanes sont mes sœurs parce que nous sommes toutes prises dans l'étreinte des mêmes criminels sans scrupules qui se désignent comme les dirigeants du monde éclairé libre et qui, au nom de cette liberté et de ces lumières, nous volent nos enfants. De plus, les mères israéliennes, américaines, italiennes et britanniques ont été, pour la plupart, violemment aveuglées et décervelées à un point tel qu'elles ne peuvent pas se rendre compte que leurs seules soeurs, leurs seules alliées dans le monde sont les mères musulmanes palestiniennes, irakiennes ou afghanes dont les enfants sont tués par nos enfants ou qui se font exploser en morceaux avec nos fils et nos filles. Elles sont toutes infectées par les mêmes virus engendrés par les politiciens. Et les virus, bien qu'ils puissent avoir divers noms illustres comme Démocratie, Patriotisme, Dieu, Patrie, sont tous les mêmes. Ils font tous partie d'idéologies fausses et truquées qui ont pour intention d'enrichir les riches et de donner du pouvoir aux puissants.
Nous sommes toutes les victimes de la violence mentale, psychologique et culturelle qui fait de nous un seul groupe homogène de mères endeuillées ou potentiellement endeuillées. Les mères occidentales à qui on apprend à croire que leur utérus est un atout national tout comme on leur apprend à croire que l'utérus musulman est une menace internationale.
On les éduque pour qu'elles ne s'exclament pas : « Je lui ai donné naissance, je lui ai donné le sein, il est à moi et je ne le laisserai pas être celui dont la vie vaut moins que le pétrole, dont l'avenir a moins de valeur qu'un lopin de terre".
Chacune d'entre nous est terrorisée par une éducation qui infecte l'esprit pour que nous croyions que tout ce que nous pouvons faire c'est soit prier pour que nos fils reviennent à la maison ou être fières de leurs corps morts.
Et nous avons toutes été élevées pour supporter tout ceci en silence, pour contenir notre crainte et notre frustration, pour prendre du prozac pour l'anxiété, mais jamais acclamer Mère Courage en public. Ne jamais être de vraies mères juives ou italiennes ou irlandaises.
Je suis une victime de la violence d'Etat. Mes droits naturels et civils en tant que mère ont été violés et sont violés parce que j'ai à craindre le jour où mon fils atteindra son 18ème anniversaire et me sera enlevé pour être l'instrument du jeu de criminels tels que Sharon, Bush, Blair et leur clan de généraux assoiffés de sang, assoiffés de pétrole, assoiffés de terre.
Vivant dans le monde dans lequel je vis, dans l'Etat dans lequel je vis, dans le régime dans lequel je vis, je n'ose pas offrir aux femmes musulmanes quelque idée que ce soit sur la manière de changer leurs vies. Je ne veux pas qu'elles enlèvent leurs foulards ou éduquent leurs enfants différemment, et je ne les presserai pas de constituer des Démocraties à l'image des démocraties occidentales qui les méprisent elles et les gens de leur sorte. Je veux juste leur demander humblement d'être mes soeurs, exprimer mon admiration pour leur persévérance et leur courage de continuer, d'avoir des enfants et de maintenir une vie de famille pleine de dignité en dépit des conditions impossibles dans lesquelles mon monde les met. Je veux leur dire que nous sommes toutes liées par la même douleur, nous sommes toutes les victimes des mêmes sortes de violences même si elles souffrent bien davantage, parce que ce sont elles qui sont maltraitées par mon gouvernement et son armée, avec l'aide de mes impôts.
L'islam en soi, comme le judaïsme en soi et le christianisme en soi, n'est pas une menace pour moi ou pour qui que ce soit. C'est l'impérialisme américain, c'est l'indifférence et la coopération européennes, et le régime israélien raciste et cruel d'occupation qui en sont une. C'est le racisme, la propagande dans l'éducation et la xénophobie inculquée qui convainquent les soldats israéliens d'ordonner aux femmes palestiniennes, sous la menace des armes, de se déshabiller en face de leurs enfants pour des raisons de sécurité, c'est le manque de respect le plus profond pour l'autre qui permet aux soldats américains de violer des femmes irakiennes, qui donne une licence aux geôliers israéliens pour garder des jeunes femmes dans des conditions inhumaines, sans les aides hygiéniques nécessaires, sans électricité en hiver, sans eau propre ou matelas propres et pour les séparer de leurs bébés et de leurs tout-petits nourris au sein. Pour leur barrer la route vers les hôpitaux, pour bloquer leur chemin vers l'éducation, pour confisquer leurs terres, pour déraciner leurs arbres et les empêcher de cultiver leurs champs.
Je ne peux pas complètement comprendre les femmes palestiniennes ou leur souffrance. Je ne sais pas comment j'aurais survécu à une telle humiliation, à un tel manque de respect de la part du monde entier. Tout ce que je sais est que la voix des mères a été étouffée pendant trop longtemps sur cette planète dévastée par la guerre. Le cri des mères n'est pas entendu parce que les mères ne sont pas invitées aux forums internationaux comme celui-ci. Cela je le sais, et c'est très peu. Mais c'est assez pour que je me souvienne que ces femmes sont mes soeurs et qu'elles méritent que je crie pour elles et me batte pour elles. Et quand elles perdent leurs enfants dans des champs de fraises ou sur des routes crasseuses près des check points, quand leurs enfants sont abattus sur le chemin de l'école par des enfants israéliens qui ont été élevés pour croire que l'amour et la compassion s'exercent en dépendant de la race et de la religion, la seule chose que je puisse faire est de me tenir à leurs côtés et à ceux de leurs bébés trahis et de demander ce qu'Anna Akhmatova, une autre mère qui a vécu dans un régime de violence contre les femmes et les enfants, avait demandé : Pourquoi ce filet de sang déchire-t-il le pétale de ta joue ?"
(Nurit Peled-Elhanan a obtenu, avec Izzat Ghazzawi, en 2001, le Prix Sakharov, une sorte de prix "Nobel de la paix" du Parlement Européen. Professeur de linguistique et éducation à l'Université de Jérusalem, Nurit Peled-Elhanan est la fille du célèbre général Matti Peled, décédé en 1995, qui était une figure du mouvement pacifiste israélien. Nurit Peled-Elhanan a perdu une fille agée de treize ans, Smadar, victime d'un attentat kamikaze revendiqué par le Hamas, le 4 septembre 1997. Aujourd'hui, Nurit et son époux sont membres de l'association "Forum de Parents pour la Paix" qui regroupe des parents juifs et palestiniens qui ont perdu leur(s) enfant(s) dans la tragédie meurtrière que vivent les deux peuples depuis des décennies. Ses deux fils sont refuzniks. Invitée le 8 mars dernier à s'exprimer devant le Parlement européen, à l'occasion de la Journée des Femmes, voici ce qu'elle a déclaré.)
[La traduction en français de ce texte a été diffusée par nord-palestine@nord-palestine.org et diffusée par la CAPJPO - Euro-Palestine www.paixjusteauproche-orient.asso.fr]

 

Source : Marcus Lemaire


Avertissement
Palestine - Solidarité a pour vocation la diffusion d'informations relatives aux événements du Proche Orient.
L' auteur du site travaille à la plus grande objectivité et au respect des opinions de chacun, soucieux de corriger les erreurs qui lui seraient signalées.
Les opinions exprimées dans les articles n'engagent que la responsabilité de leur auteur et/ou de leur traducteur. En aucun cas Palestine - Solidarité ne saurait être tenue responsable des propos tenus dans les analyses, témoignages et messages postés par des tierces personnes.
D'autre part, beaucoup d'informations émanant de sources externes, ou faisant lien vers des sites dont elle n'a pas la gestion, Palestine - Solidarité n'assume aucunement la responsabilité quant à l'information contenue dans ces sites.

Retour  Sommaire Journaux  -  Ressources  -  Débat  -  Communiques  -  Accueil